Klimt
5.7
Klimt

Film de Raoul Ruiz (2006)

Tournicoti-tournicota... Et hop, encore un petit tour de caméra pour bien enfoncer le clou de l'hallucination, et encore un plan à 360° pour montrer que quelque chose ne tourne pas rond dans l'esprit de Gustav Klimt, bref, encore un film raté sur le milieu artistique, où comme dans 98% des cas, on plonge les deux pieds dans le plat du cliché et du oui oui, les Dieux de l'Histoire de l'art faisaient aussi caca et disaient des gros mots quand ils étaient en colère. On l'aurait presque oublié !

Et même si tout un chacun sait que ce milieu foisonne d'égos hypertrophiés, on nous ressert de nouveau la toute puissance du nombrilisme comme seule ressource créatrice de l'artiste incompris – avec là encore le fétichisme des fleurs et du verre brisé, archi éculés. Pourtant, si l'on est honnête, le tant acclamé Black Swan d'Aronofsky a fait bien pire depuis dans le genre.

Certes, John Malkovich est tout à fait crédible en Klimt, et Nikolai Kinski – le fils français de Klaus – plus encore en Schiele tout en torsions des mains, mais la réalisation volontairement atomisée donne l'impression d'avoir avalé une boîte de Lysanxia, si bien que l'on finit par ne même plus remarquer que le monsieur qui a fait des gosses partout a une fâcheuse tendance à parler tout seul.

Pour un film historique sur une période abondamment traitée au cinéma – Vienne et Paris au tournant de 1900 –, on reste également un peu sur sa faim devant la quasi exclusivité de scènes d'intérieur trop cantonnées au fantasme de l'atelier, et des extérieurs toc. Quant à la guéguerre des Sécessionnistes et des tenants de l'Académisme, en petites phrases pseudo insidieuses, elle fleure bon le quota pédagogique de cette coproduction européenne réalisée par un maître chilien.

Difficile enfin de ne pas se perdre parmi les conquêtes féminines du peintre, qui se ressemblent toutes, prétexte à un catalogue de fesses, nichons et minous rasés de frais qui, loin d'attirer l'œil, finit par susciter le même soupir blasé que celui du pensionnaire d'une maison de retraite devant le petit salé aux lentilles du jeudi...
Yanhic
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les films ratés sur l'art

Créée

le 4 juil. 2011

Critique lue 619 fois

1 j'aime

Yanhic

Écrit par

Critique lue 619 fois

1

D'autres avis sur Klimt

Klimt
Andy-Capet
4

Ruiz plutôt que Klimt

Déconcerté, je délègue ma critique à qui ce film se fera entendre le mieux. On a dit ici il y a peu que personne n'imitait Lynch ; navré de constater que Klimt m'y fait penser sérieusement avec ce...

le 3 nov. 2012

1 j'aime

Klimt
Yanhic
3

Le manège ench(i)anté

Tournicoti-tournicota... Et hop, encore un petit tour de caméra pour bien enfoncer le clou de l'hallucination, et encore un plan à 360° pour montrer que quelque chose ne tourne pas rond dans l'esprit...

le 4 juil. 2011

1 j'aime

Klimt
IIILazarusIII
3

Le iota qui dérange.

Mettre 3 à ce film peut paraître cruel, mais ce n'est pas par volonté de dire qu'il est "mauvais" que j'ai choisi cette note. Au contraire, le film a beaucoup d'esprit et traite assez dignement de...

le 11 févr. 2011

1 j'aime

Du même critique

Une nouvelle amie
Yanhic
3

Un nouvel ennemi

Mon cher François, je ne te comprends plus. Qu’est-ce que c’est que cette affreuse sortie de route ? Qu’est-ce qui passe dans ta tête déglinguée qui m’avait valu en quinze ans tant de magnifiques...

le 17 nov. 2014

13 j'aime

3

Los Salvajes
Yanhic
10

Le voyage sans retour

La bande annonce laissait présager un solide film social, dur, sans concessions, d’un absolu pessimisme bien dans l’air d’une époque en rien réjouissante. Au terme de ses deux heures qui en...

le 29 mars 2013

8 j'aime

2

Pingpong
Yanhic
9

Théorème façon Sommersturm

Coup de chapeau à Matthias Lutthardt pour ce Pingpong bourré de non-dits, d'énigmes, de mystères et d'ambiguïtés – avec une mention particulière pour le jeune Sebastian Urzendowsky, qui laisse une...

le 19 nov. 2011

8 j'aime

7