J'aurais aimé apprécier ce film présenté par certaines critiques comme l'achèvement magistral d'une trilogie autant que les précédents volets. The Tree of Life a été un moment unique de mon expérience de spectateur, tandis que To the Wonder annonçait une radicalité dans la forme qui m'avait enthousiasmé. Knight of Cups avance à priori avec les mêmes qualités que ces prédécesseurs. Même science du montage et du mixage, même sidération devant la beauté de la photographie. Mais il manque ici un fond que la forme fait pourtant mine de présenter comme une quête métaphysique. L'angoisse existentielle de ce Knight of Cups (traduit par "coureur de jupons" dans la séquence de la voyante) manque de transcendance : il vit un drame intérieur finalement assez convenu, ressassant les échecs de ses relations entre ex-compagnes, amantes et amoureuses tandis que le conflit familial, qu'on jurerait tiré d'un épisode de sitcom, prend des proportions bibliques démesurées. Le personnage de Natalie Portman, femme adultère et comblée par son amant, n'est qu'une ficelle scénaristique grossière pour ajouter un tourment supplémentaire au désespoir de Christian Bale. On passera également sur certains discours prétentieux énoncés par une voie off sentencieuse qui encombrent le récit de mysticisme new age.
Que reste-il alors ?
Le film est cependant porté par l'interprétation exemplaire de Christian Bale, dont la puissance d'incarnation finit par convaincre le spectateur des bonnes intentions du film. Si la réminiscence des souvenirs est parfois plombée par la minceur du propos, l'ampleur de la mise en scène finit par emporter le spectateur dans un tourbillon d'images et de sons. La radicalité du geste de Malick devra trouver peut être la prochaine fois un matériau plus solide.

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le 27 nov. 2015

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