Terrence Malick filme le vide, et il le fait foutrement bien. Les personnages coulent dans le néant, les gloussements des sons étouffés résonnent, et c'est au fond de l'eau que l'on est embarqué. Quelques fois, les personnages remontent à la surface, on peut alors entendre des vagues lointaines balayer notre esprit et c'est maintenant les immeubles titanesques qui viennent nous emprisonner.


Malick ne cherche pas à créer des raccords qui viennent raconter une histoire, il cherche plutôt à retranscrire une sensation, un sentiment. Sans atteindre la grandeur et la force de l'enfance de Tree of Life, il arrive à nous donner le vertige face à ce monde bien trop grand pour nous. Les filtres de notre perception déforment la réalité et c'est seulement des bribes, des fragments qui se hissent difficilement tout en haut en laissant une trainée de bulles d'air derrière elles. C'est parfois une main, un regard perdu qui vient nous émouvoir, parfois notre esprit s'en va lui aussi face à des images qui nous semblent incompréhensibles ou mal choisies. Mais quelques minutes plus tard, ou quelques jours après, le sens arrive toujours à naître et c'est avec tendresse que l'on repense au film.


Les souvenirs que l'on a du film sont dissouts dans le brassage d'idées et notre émotions reste intacte. On en ressort avec une histoire inracontable, mais avec des images qui disent beaucoup.

ectorlavoisier
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le 1 janv. 2016

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