Un film plus grand que la vie pour un monde si petit...


Terrence Malick ou le Cinéma de demain. A la vision de Knight of Cups le Septième Art se retrouve en pleine cure de rajeunissement, amas de formes et de mouvements d'une indécente beauté. C'est avec une modernité salutaire que l'auteur des Moissons du Ciel se réinvente une nouvelle fois, livrant ici un authentique moment de cinéma, purement plastique et totalement désintéressé sur le plan commercial. Poème atonal volontairement pétri de lieux communs Knight of Cups est une oeuvre d'une ambition technique indiscutable, dont la ténuité du discours s'efface devant un tourbillon de plans d'une fièvre terrassante, nous entraînant dans une formidable expérience sensorielle.


Knight of Cups se lit par bribes, peuplé de fragments montés entre eux dans une arythmie particulièrement étonnante, invitant le spectateur à une plongée immersive dans un monde de faste et de frivolité. Malick pénètre la surface d'un microcosme cultivant la vanité, la vulgarité et l'insouciance en tenant sa caméra à distance ad hoc, privilégiant la grâce au rationnel, au risque de tomber dans une certaine vacuité voire une certaine banalité. L'écriture du récit semble en effet totalement traitée par-dessus la jambe, mais les images sont d'une telle splendeur, la musique d'une telle harmonie et le montage d'une telle audace que l'on se laisse porter par l'hypnose de ce conte tour à tour flamboyant et terriblement léger. L'ombre de La Dolce Vita de Federico Fellini transparaît au gré d'une fontaine luxuriante, conférant à cette épopée à priori conceptuelle des allures de satire lyrique et visuellement chatoyante.


Si l'on passe outre un scénario plus qu'indigent, étayé tant bien que mal par une structure chapitrée finalement fort peu lisible dans sa globalité le voyage proposé par Terrence Malick s'avère somme toute d'une grande ampleur, se contentant de traduire admirablement cette superficialité ambiante par l'image, et avant tout pour l'image. Un grand film, jeune et superbe.

stebbins
8
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le 27 nov. 2015

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stebbins

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