Mieux vaut savoir à qui on a affaire quand on va voir un film de Terrence Malick, son cinéma n'est pas à la portée de tous mais garde un mysticisme et une palette des sensations qu'on aborde toujours avec plaisir, aussi douloureux fut-il d'entrer dans cet univers.
Malheureusement Terrence Malick devient de plus en plus la caricature de lui-même. Non pas que je sois contre l'évolution des réalisateurs mais je commence à ne plus trouver de saveur chez des cinéastes qui autrefois me procuraient des sensations, ou tout du moins me jetaient à bras ouvert dans la magie du cinéma.
Quand le film commence, dès les premières images, nul doute qu'on se trouve bien devant un film de Malick, cela en est même par moment navrant puisque Tree Of Life résonne beaucoup dans ce dernier film.
Les plans sont toujours aussi beaux mais me laissent de plus en plus de marbre quand la narration devient de plus en plus absente. Les voix off qui égrainent leur textes sont alors notre seule planche de salut pour approcher le film, introduisant les successions de personnages entrant dans la vie d'un Christian Bale errant. Texte aussi chiant que son propos, Malick a des obsessions que je finis à ne plus voir en peinture.
Alors on s'accroche au vide existentiel des images, à un acteur qui conspue le matérialisme autant que la sphère richissime dans laquelle il évolue. Pour autant la critique tombe en désuétude tellement l'ennui nous accapare, pire elle se fait plomber par une application de comment faire du Godard; à trop partir dans le mystique on laisse de coté le spectateur qui pourtant ne demandait qu'à suivre les sensations autrefois cheminées par Malick.
Et que dire du casting, tout le gratin d'Hollywood veut sa part du gâteau, tourner dans un Malick et qu'importe le sujet, qu'importe la réflexion de ce dernier. Les acteurs dansent plus qu'ils interprètent, les larmes factices me questionnant sur la direction d'acteur d'un scénario loin, très loin des émotions. Par moment je réprimait un rire en voyant poindre des images de publicité, car le réalisateur n'échappe plus à ce cliché.
Des Moissons du Ciel à Knight of Cup, il est un grand pas qui me fait frémir d'ennui et de colère, on ne peut même plus compter sur ceux qui savaient capter l’âme de certains spectateurs.
C'est donc avec regret que je passe du côté obscur de la force, je deviens hermétique à son style, insensible à son propos ; et comme le dis mon acolyte on assiste surtout à un documentaire, une plongée dans la vaste Californie avec son lot de trésors (il faut tout de même reconnaître qu'il y a des numéros sympas, je devrais me faire un musée tiens), mais surtout le vide, l'immensité et cette caméra qui bouge, vole, mouvotte sans jamais me raconter une histoire.

LuluCiné
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le 25 nov. 2015

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