En ce jeudi 28 novembre 2019, après avoir bu plusieurs verres dans un bar sympa de Montpellier, je file vers les salles obscures pour aller à l'unique séance d'un film que j'avais prévu d'aller voir le jour même.


Le souffle haletant après avoir couru longuement pour ne pas louper la moindre seconde, je m'installe rapidement, remarquant que nous étions que deux pour cette séance de 23h.


Disons le : Knives and Skin m'a fait l'effet d'une claque cosmique prise en pleine gueule. L'effet que vous procure la sensation euphorisante d'éviter une voiture en vélo après avoir grillé un feu rouge. Un danger sans nom, sans forme particulière mais tellement réel.


Je ne parlerai même pas ici de scénario tant ce dernier est anecdotique. Tout se vit à travers les sensations. Chaque scène est un plan travaillé dans lequel les personnages se muent comme des anguilles voulant s'extirper des rôles codifiés par les traditionnels "teenage movie".


Dans cette Amérique profonde mais sans nom, les personnages souffrent. Ce n'est pas la disparation de Carolyn qui provoque ça. Non. C'est bien cette horrible sensation de ne pas se sentir soi et de ne pas être compris dans un monde d'adulte qui ne correspond pas à cette jeunesse criant dans le vide.


Knives and Skin c'est ce mix bluffant entre Twin Peaks et Euphoria. Loin de tous les films du genre, le scénario apporte tellement de complexité dans ses rebondissements scénaristiques qu'on s'en détache pour rester accroché a ces personnages, tous à la fois un peu dingues et attachants. La place des femmes est notamment centrale dans ce récit hypnotisant qui porte les voix de personnages qui prennent de plus en plus d'importance dans notre société actuelle.


Ce qu'a réussi à produire Jennifer Reeder en 1h50 me laisse sans voix, cette dernière étant trop occupée à chercher des mots pour vous écrire ce que je viens de voir. Knives and Skin va déranger car on ne pourra pas saisir les sens de tous ces messages, tant sociétaux que moraux.


Apprécions l'espace d'un instant, comme a pu nous offrir Lynch, de se laisser emporter le long d'un ruisseau empli de remous qui se terminera inévitablement par une cascade fracassante.

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le 29 nov. 2019

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Félix Leloup

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