Le coq est mort, il ne chantera plus

Décidément, les problématiques de couple se prêtent bien au fantastique. Preuve en est avec le deuxième long-métrage de Johannes Nyholm qui nous livre une tragédie qui a la violence de la réalité et la douceur d'un rêve. Ou l'inverse.


Koko-di Koko-da est la traduction d'une comptine française populaire que toute personne n'ayant pas côtoyée les dinosaures ne peut normalement connaître. Il s'agit dun coq qui ne pourra plus chanter "koko-di koko-da" car il a passé l'arme à gauche. Assez glauque pour des enfants quand on y pense.


Le film débute sur un repas d'anniversaire. Les protagonistes sont enveloppés dans une lumière blanche quasi irréelle qui contraste magnifiquement avec les tons froids qui domineront le récit plus tard. Un effort à été apporté à la photographie et aux effets visuels, c'est certain.


Comment ne pas apprécier les magnifiques séquences en ombre chinoise, belles mais glauques à souhait.


Le réalisateur prend le parti d'une narration non linéaire. Cette dernière fait écho à la boîte à musique offerte par les parents à l'enfant, élément central de l'intrigue. Tourner, retourner, tourmentés, c'est ce que fait sans cesse les personnages à l'image du cadeau d'anniversaire. Résilience oblige, il va falloir en passer par là pour affronter ce qu'on ne veut pas affronter par lâcheté, colère ou accablement.


C'est là qu'interviennent le trio de l'enfer. Tranchants avec un univers un peu trop normies, ils sont l'incarnation de l'incapacité à communiquer de ce couple.


Ce cercle est une allégorie parfaite du couple qui pousse dans toutes les directions possibles mais sans pour autant arriver à aller quelque part. Quoiqu'on fasse on se retrouve sempiternellement au point de départ. Claustrophobie assurée lorsqu'on s'en retrouve prisonnier (comme dans une tente ou une voiture).


C'est avec un sujet revisité à la sauce horreur, une photographie qui rend bien l'ambiance lugubre, une direction de ses acteurs pertinente et une réflexion sur la fragilité de l'amour que Johannes Nyholm nous ficelle son film. Le tout est cohérent, et s'offre une belle conclusion.

Alcalin
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le 14 sept. 2019

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