84 ans après sa création, le mythe de King Kong continue de nous émerveiller et de faire travailler notre imagination.


Premier film de monstre géant, le King Kong de 1933 de Merian C.Cooper et Ernest B.Shoadsack est à l'origine de beaucoup d'autres œuvres, à commencer par Godzilla en 1954, réponse des japonais au succès de Kong (et aussi une façon pour les japonais d'extérioriser le traumatisme d'Iroshima), mais aussi tous les autres films de Kaïju cher au peuple nippon.
Rapide retour de la carrière du vrai roi des monstres géants au cinéma (dans ta face Godzilla !)


Le film original était également une prouesse visuelle, repoussant à l'époque les limites du stop motion, nous montrant un Kong sauvage luttant contre des dinosaures et ravageant un village d'indigènes (en en avalant quelques uns au passage).
Fort du succès du film, une suite sortie peu de temps après, Son of Kong, nous montrant les péripéties du rejeton du roi Kong, suite opportuniste et pas spécialement mémorable....


Par la suite, beaucoup de plagiat et de films plus ou moins officieux, sortirent: Mighty Joe Young en 1949, Konga en 1961, King Kong contre Godzilla en 1962 (dont la fin ambiguë semble montrer Kong victorieux), La revanche de King Kong (ou King Kong Escapes) en 1967 etc....


Il fallu attendre 1976 pour voir un "vrai" remake de King Kong. Dans le film de John Gillermin, plusieurs changements sont apparus: la crise du pétrole de l'époque remplace celle de l'économie du premier film, le second du Venture Jack Driscoll devient le paléontologue Jack Prescott ou encore la belle Ann Darrow devient ici Dwen. Si certains de ces changements ne sont pas gênant en soit, il est dommage cependant d'avoir retirer les dinosaures de l'île du crâne (tout juste aperçoit t'on un serpent géant) ou d'avoir remplacer la scène iconique de Kong au sommet de l'Empire State Building par les tours jumelles du World Trade Center.
Mais à mon sens, le plus dérangeant dans ce remake était le comportement de Kong (incarné par le célèbre spécialiste en effets spéciaux/maquillage Rick Baker). Dans cette version, on a à faire à une sorte de gros singe pervers qui semble prendre son pied à déshabiller la belle Jessica Lange.
Une suite de ce film sortie en 1986, mais mieux vaut l'oublier tant elle est insipide et grotesque.


ça n'est qu'en 2005 que le roi Kong fera un retour magistral et triomphant sous la houlette de Peter Jackson, qui fort de l'incroyable succès et renommée de sa trilogie du Seigneur des anneaux, exaucera un de ses vieux rêves en faisant le remake du film qui lui a donné envie d'en faire son métier.
Beau, poétique, respectueux du film original, techniquement incroyablement impressionnant (encore aujourd'hui hormis 2-3 scènes), son remake transpire l'amour que peut porter le réalisateur à cette icône du cinéma. Oh le film souffre peut être de quelques longueurs par ci par là, mais ça n'est que pour mieux profiter de ses beaux moments de poésie.
Tout ceci nous amène (enfin) à 2017, sortie du nouveau film consacré à ce mythe, Kong: Skull Island de Jordan Voght-Roberts.


CRITIQUE DE KONG  : SKULL ISLAND


Deuxième film se déroulant dans le "monsterverse" de Warner et Legendary avant l'inévitable rencontre avec Godzilla prévu pour 2020 (quelques référence à MONARCH, société vu dans Godzilla sont présentes), Kong: Skull Island est un peu l'antithèse du Godzilla de 2014. Là ou le film de Gareth Edwards prenait son temps (un peu trop pour certains) et nous teasait le monstre pendant tout le film (rendant ses apparitions excitantes et marquantes), ici Kong nous est montrait des les premières minutes . Un Kong beaucoup plus grand et impressionnant que par le passé, et qui à la manière de la version de 76, se tient bien droit sur ses gambettes.

Une version plus imposante donc, mais également moins attachante, on peine à avoir de l'empathie pour lui comme on pouvait l'avoir chez Peter Jackson. Ici, Kong apparaît uniquement pour faire avancer un peu l'histoire et offrir au spectateur une débauche d'effets numériques aussi impressionnant que jouissif (même si à mes yeux, aucune scène du film ne parvient à surpasser le combat contre les 3 V-Rex du remake de 2005).


Si pour Kong, le manque d'empathie n'est pas gênant, ça l'est en revanche en ce qui concerne les personnages humains du film.
Fades, plats, on peine à s'accrocher à eux, hormis le personnage de John,C Reilly campant un rescapé d'un crash d'avion datant de la seconde guerre mondiale, plutôt amusant, un peu déjanté et presque touchant.
Pour les autres, on est dans le plus pire cliiché “pulp”/pop corn movie , assumé par le film cela dit. Que cela soit Tom Hiddleston en traqueur/mercenaire, Samuel L. Jackson qui fait du Samuel L. Jackson, John Goodman en “chercheur géographique”, Brie Larson en photographe de guerre... tous manquent d'épaisseur. Au moins, on évite l'énième relation “Belle et la bête” entre Kong et le premier rôle féminin du film, tout juste est t'elle survolée.


Et c'est là qu'un point intéressant du film fait surface: les clins d’œils à la mythologie King Kong.
Que cela soit la question du mur géant séparant les indigènes des monstres et de Kong, la vue d'un Kong enchaîné arrachant ses liens, ou celle d'une belle femme blonde portée par le gigantesque gorille, tous ces petits “easter eggs” sont bienvenus et ne tombe jamais dans la gratuité ou le fan-service lourdingue.


Autre point positif, sans nul doute celui qui frappe immédiatement les yeux: c'est beau ! Mon dieu que ce film est beau ! En ayant Larry Fong (directeur de la photographie habituellement attitré de Zack Snyder) c'est s'assurer d'avoir des couleurs chatoyantes, magnifiques, donnant cette impressions d'être devant des peintures. La jungle de Skull Island y est certes moins oppressantes que chez tonton Jackson, mais elle y est tout autant magnifique et surtout différente.
Outre ses couleurs magnifiques, le film est doté d'une superbe réalisation: chaque plans semblent avoir été pensé pour être une image iconique qui finira en fond d'écran... ce qui du coup m’amène à un reproche fait au film: cette sensation que tout n'est que prétexte pour ses fameux plans. Comme si tout le reste ne comptait finalement pas pour le metteur en scène, à commencer par le montage du film. Si j'admet que l'on ne vas pas voir ce genre de film pour son scénario, certains, dont par exemple, Fury Road, ont su pallier une écriture scénaristiques simpliste (même si ce dernier comporte beaucoup de messages sous-jacents) en investissant le spectateur dans ses personnages, chose qui n'est pas le cas ici comme dit plus haut.
Saluons également au passage les effets visuels, Ô combien impressionnants de réalisme.


Un des points forts du film, c'est son bestiaire. Peut être pas aussi variés que dans le film de Peter Jackson, mais tout aussi original. De l'araignée géante à pattes de bambous au “buffle” à cornes en pierre, en passant par le “tronc d'arbre” vivant et les rampants tout droit sorti de n'importe quelle jeu d'horreur SF, tout ou presque y est. Point de dinosaures donc, mais de quoi pallier ce manque efficacement.


Au final, il est assez difficile de réellement juger ce Kong: Skull Island, tant il possède les défauts de ses qualités...ou les qualités de ses défauts... Tout va dépendre de ce que l'on attend d'un film King Kong, ou d'un film de monstres géants en général.
Pour schématiser, le film possède une forme excellente (effets visuels, réalisation, plans iconiques au possible etc...) mais un fond qui sonne beaucoup trop creux (personnages sans épaisseur, scénario quasi-inexistant, etc...)
Il est cependant intéressant de constater que cette version ne ressemble finalement à aucune autre faite avant elle. C'est suffisamment important pour être souligné.


Ps: J'ai beaucoup hésité entre 6 ou 7 tant le film m'as l'effet d'un “meh” en fin de séance, mais au fond, peut être est ce simplement parce que j'en attendais trop ou attendais autre chose ?


Pps: Restez bien jusqu'au bout du générique, surtout si vous attendez le crossover prévu entre les monstres...

JulienPetit
6
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le 11 mars 2017

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Bat Juju

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