Qu’ajoute Skull Island au récent King Kong de Jackson ? Rien.
Les grosses bébêtes méritent-elles leur franchise ? À mon sens non. Oui, en a décidé Legendary Pictures. Ce MonsterVerse a débuté avec le Godzilla de 2014. L’annonce “spoile“ tout suspense : Kong ne périra plus au pied de l’Empire state building, vous voilà prévenus !


Cultivant le manichéisme de ses personnages, le scénariste opte pour la facilité. Le colonel belliciste (Samuel L. Jackson, un clone du Miles Quaritch d’Avatar), la jolie-reporter-de-guerre-anti-guerre (Brie Larson), le SAS blasé (Tom Hiddleston : « tu comprends, Jolie-reporter, aucun homme ne revient de la guerre, pas totalement »), les GIs stéréotypés, les indigènes très-gentils-silencieux-sentencieux (« La planète nous appartient pas »). J’omets le loufoque de service qui, bloqué depuis trente ans dans l’île, lâche : « - Au fait, savez-vous si on a gagné la guerre ? - Laquelle ? - J’aurais dû m’en douter. » Là, vous pourrez sourire, profitez-en ! Car le manque d’humour de ce long pensum est rédhibitoire. Les soldats sacrifiés à la folie guerrière de leur chef ne rient pas. Les bébêtes ne pouffent pas. Kong ne drague plus Jolie-reporter. Les (très) sages indigènes ; ils semblent avoir vaincu la mort ; ignorent tout du sourire. À croire, que rire est désormais un handicap ! Triste époque.


Unique bon point, l’entrée en matière est rapide. Jordan Vogt-Roberts nous offre quelques jolis plans de soleil couchant et s’autorise des transitions racoleuses entre la bouche de Kong et celle du scientifique ou entre les hélicos et une libellule. La suite est aussi creuse que l’île, Kong envoie au tapis, d’un revers de main, la dizaine d’hélicos, trop cons ces Ricains ! Comme pour se faire pardonner ce trop rapide gâchis, le gentil Kong écrasera les vilaines bébêtes, suscitant la plus grande alacrité chez Jolie-reporter. Les quelques scènes gores privent Skull island de sa cible manifestement enfantine. À fuir.

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le 4 oct. 2017

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Step de Boisse

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