L'homme, c'est de la merde, envoyez-nous les monstres !

Kong Skull Island est censé être le deuxième volet d'un univers cinématographique dédié aux monstres géants et kaijus du cinéma japonais, appelé Monsterverse.
On a déjà eu droit, en guise d'introduction à cet univers, à l'excellent Godzilla en 2014, dont la suite devrait sortir en 2019 avant le gros clash Godzilla vs Kong prévu pour 2020.
Ça redevient à la mode, les fights de grosses icônes de la pop-culture, on se croirait de retour dans les années 40 avec les clashs entre les monstres de la Hammer et d'Universal style Frankenstein contre le Loup-Garou !

Bref, sur le papier, c'est un projet d'univers cinématographique qui me parle. Parce que j'adore les gros monstres qui cassent tout !
Et fort heureusement pour nous, c'est exactement ce à quoi l'on a droit, ici !
Et un peu rien que ça, en fait...

Parce que oui, le film a 3 énormes qualités indéniables même pour le plus acide et pète-sec des critiques ciné :
1) Kong Skull Island est beau. Oui, je sais, c'est un peu toujours ce que l'on dit de nos jours concernant les blockbusters : "C'est beau". Mais là, il faut bien l'avouer, le film pète de couleurs dans tous les sens : matinée jaune pétant, sombre nuit teinte des rouges flammes du napalm, verte brume recouvrant le cimetière des Kongs, triste linceul à la gloire de ces grandioses primates,... Bref, visuellement, le film est vraiment très riche, et contraste même pas mal avec Godzilla, qui lui avait une esthétique plus sombre et terre-à-terre.

2) Kong et l'Ile du Crane. Si le réalisateur s'est bien fait plaisir sur un point, c'est bien celui-là !
Kong est immense, massif, puissant, bestial, à coté, même le Kong de Peter Jackson à l'air d'un tendre ! J'adore la séquence où il apparait et que la caméra le montre dans le fond de l'image, dos au soleil qui donne une teinte orangée très jolie au ciel avec au premier plan la cohorte d’hélicoptères qui lui fait face. C'est magnifique et iconique, vraiment ! Et les créatures qui peuplent l'île sont toutes géniales : Des insectes énormes, des buffles d'eaux, des gros dinosaures bien vénères (même si j'aurais préféré de bons vieux T-Rex), des araignées géantes,...
L'île est vivante, et ça, c'est très important pour un film King Kong.

3) Les scènes d'action sont très sympas ! Bon, les séquences de blam-blam avec des gros monstres ne sont pas forcement les meilleures et sont même un peu trop prévisibles dans leur déroulé, mais les bastons entre Kong et les créatures de Skull Island sont vraiment bien foutues !
On perd un peu de la sensation de gigantisme qu'il y avait dans Godzilla, ceci dit...

Mais le soucis numéro 1 du film, c'est que là où il réussit parfaitement son traitement du monstre, il foire totalement celui de l'humain ! Un comble !
Les personnages sont inintéressants au possible ! On a les stéréotypes classiques : Le héros musclé et aventureux, la jolie blonde, le nerd, le vieux fou, le militaire jusqu’au-boutiste, etc...
Et je trouve qu'ils sont tous très sous-exploités, à tel point que lorsque le film essaye de jouer la carte du drame lors de la mort d'un des militaires vers la fin du film, on se sent un peu gêné parce que l'on ne s'est pas suffisamment investi émotionnellement dans les personnages pour ressentir quoique ce soit quand à cette mort.
Même les morts de certains personnages importants sont traitées par dessus la jambe par le film, je pense notamment à celle de John Goodman, qui passe comme une mort random dans le film, ou celle de Samuel L. Jackson, qui jusque là faisait figure d'antagoniste, et qui est dégagé comme une merde lorsqu'apparait une plus grosse menace pour nos héros.
Samuel L. Jackson qui est d'ailleurs censé être, avec plusieurs autres personnages, un vétéran du Vietnam, et le film semble essayer de développer une sorte de thématique sur la folie de l'homme, sa bestialité, tout ça, mais hormis 1 ou 2 scènes de dialogue sur "C'était pas ma guerre, colonel !", c'est totalement sous-exploité...
Après, je me demande, peut-être que cet aspect-là découle simplement d'une volonté du réalisateur de plus se concentrer sur la Bête que sur l'Homme, de montrer que ces enfoirés de bipèdes avec leurs bâtons en feu ne sont que des merdes à coté de tous ces monstres géants qui peuvent les défoncer quand ça leur chante. Une idée que je soutiendrais totalement, parce que bon, au bout d'un moment, y'en a marre de tous ces connards d'humains qui piaillent au sol et se croient super-puissants, alors que rien n'est plus fort qu'une bonne grosse mâchoire garnie de 3 rangées de dents ! Mais comme le film s'attarde pas mal sur le background des personnages, surtout au début, je ne suis pas sûr à 100% de cette interprétation.

Et puis, un autre point qui m'a beaucoup sorti du film, c'est que les personnages ont beau marcher des kilomètre traverser des rivières, des marécages, réparer un bateau à moteur de fortune, échapper 50 fois à des grosses créatures méchantes, à aucun moment, vous ne les verrez saigner, couverts de saleté, trempés ou même décoiffés. A la limite, j'accepte que l'on retire l'aspect sanglant au film, vu que ce n'est pas là dessus qu'il se concentre (même si c'est clairement abusé lorsqu'un militaire meurt empalé de la bouche au rectum, et qu'il n'y a pas une goutte de sang à l'écran), mais que les personnages restent tout proprets malgré les épreuves, là clairement, on se fout de ma gueule ! Ou alors les personnages prennent une douche entre chaque étape du voyage, je sais pas ! Hey, même le petit vieux qui a passé plus de 20 ans sur l'île est totalement clean et a des vêtements totalement propres ! Comment vous voulez que je crois un minimum aux épreuves que subissent les personnages si vous ne donnez pas de signes visuels qu'ils peuvent être blessés voire tués ?
Voilà ce qui arrive, je suppose, quand on veut rendre son film aussi tout public que possible : On crée une œuvre lisse et sans bavures qui a juste l'air édulcorée au delà du décent !

Et puis la musique est oubliable. Même la playlist de morceaux pop-rock, je l'ai déjà oubliée, pour dire. J'aurais bien aimé un thème dédié à Kong, ç'aurait été cool !

Kong : Skull Island est un film qui souffre d'un défaut assez paradoxal : Il veut mettre le monstre au centre du film, mais essaye malgré tout de nous offrir des personnages humains à qui s'identifier, mais qui sont tellement mal écrits que l'on s'en fout, d'eux.
On avait un peu le même genre de paradoxe dans Godzilla, mais dans celui-ci, l'Homme devenait simple spectateur et victime des événements provoqués par les monstres géants. Il faisait office de figurant dans un film où il n'avait clairement pas sa place. Kong essaye tant bien que mal de gérer ces 2 aspects en même temps, mais n'a absolument pas les épaules ni l'ambition pour correctement porter le projet et remplir son contrat.
Du coup, un petit conseil pour les éventuels gars travaillant sur le Monsterverse qui liraient ces lignes : Laissez tomber ces connards d'humains, arrêtez d'essayer de leur donner une quelconque importance, on en a rien à foutre ! Contentez-vous de nous montrer des gros monstres qui se battent entre eux, car clairement, dans des films comme ceux que vous avez l'intention de faire, il n'y aura la place que pour un seul camp.

Et j'ai d'ores et déjà choisi le mien.