Douze ans après le tendre et poétique King Kong de Peter Jackson, nous voici de nouveau confrontés au mythique gorille. A l'heure où les remakes, reboots et autres sont légion, Warner décide de prendre le public à contre-pied en proposant ce Kong : Skull Island. En effet, si certains pensaient à un énième remake, ou préquel du King Kong original, c'est loupé, puisqu'il s'agit en fait d'un film venant confirmer l'existence d'un "Monster Verse", le Godzilla de Gareth Edwards ayant lancé les premières balises.


Si Godzilla avait plus que divisé le public malgré ses attentions louables, il n'a pas pour autant terni l'attente pour Kong. Les univers cinématographiques sont en vogue ces temps-ci et un traitant des monstres les plus emblématiques du septième art ou de la littérature fantastique, ça a vraiment quelque chose d'excitant. Hélas, il ne faut pas attendre bien longtemps pour voir son enthousiasme sapé, du moins pour qui veut des vraies histoires de monstres. Les clichés indésirables pullulent l'écran et ce dès les premières minutes. Le public se voit obligé de suivre une brochette de gugusses tous plus caricaturaux les uns que les autres et ce n'est pas le cabotinage outrageux de Samuel L. Jackson ou de John Goodman qui viendront hausser le niveau. Tous sont des trous de balle idiots, principaux protagonistes de situations rocambolesques et incohérentes au possible pour lesquelles il est difficile de choisir entre silence gêné ou éclat de rire libérateur.


Une telle pauvreté dans le traitement des personnages ne donne malheureusement pas plus de crédit à Kong, ce que Godzilla arrivait pourtant à faire. Tom Hiddleston (dire que c'est le premier rôle) tente d'alimenter son personnage inconsistant tandis que Brie Larson en cagole photographe se la joue écolo-allumeuse. Le reste, c'est de la soupe en poudre. Lourdeur rime avec longueur, ce que le film ne se prive pas de livrer. Suivre la rencontre d'un homme perdu depuis trente ans au milieu de monstres et ayant gardé toute son ironie ; ou s'extasier devant la réparation d'un bateau parce qu'à plusieurs, on est meilleur. Le public nage en plein hors-su... Une minute ! c'est de Kong qu'il s'agit ici ! Le pauvre, malgré quelques plans sympas et un combat musclé contre le roi des lézards bipèdes des enfers (un concept pour le moins hasardeux et peu plausible), il ne dégage pas grand chose et se voit cruellement voler la vedette au profit de cette bande de trouducs. Allez si, sa grandeur inédite a de quoi surprendre, une idée plutôt audacieuse pour iconiser le monstre. Il y a au moins ça...


Ici, c'est clair, Kong : Skull Island ne casse pas des briques et a tendance à susciter une rude frustration. Le film parvient a reléguer en second plan son attraction principale et à privilégier la bêtise de l'Homme, ici incarnée de bien piètre manière. Il réside quelque d'affligeant dans cette première tentative dans le genre pour Jordan Vogt-Roberts, un opportunisme sans commune mesure en plus d'une audace bouffée à la pillule anti-émotion. A qui la faute ?

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le 20 mars 2017

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langpier

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