Koyaanisqatsi
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Koyaanisqatsi

Documentaire de Godfrey Reggio (1983)

J'avais une petite curiosité pour cet essai cinématographique qui entraîne la plupart de mes éclaireurs adorés à une générosité particulièrement délirante et j'avoue en sortir un peu déçu...

Coppola produit ce machin un peu indéfinissable avec 1h20 d'images de toutes sortes sur la musique de Phillip Glass, c'est parfois impressionnant, mais terriblement vain...

A un moment, on se demande si filmer une grue au ralenti sur de la musique minimaliste n’est pas le degré zéro du cinéma et puis l’instant d’après on se retrouve fasciné devant le mouvement des nuages ou l’étrange ballet d’une enveloppe et d’une chaîne de montage et la chaleur vous écrase tellement au fond du lit que de toute façon vous êtes prêt à accepter n’importe quoi…

Raccourcis faciles de montage, absence de risque et d’enjeu quelconque, effets de vitesse trop putassiers, manque de rigueur y compris en acceptant le concept, les défauts du film sont tellement nombreux qu’ils ne valent pas la peine d’être relevés, et puis le principal est ailleurs… C’est un peu un film à voir en descente de drogue, une balade filmée par un camé qui s’amuse avec un joujou trop gros pour lui et pas grand chose à montrer pour compenser le vide du propos mais ma veisalgie me rend conciliant, c’était justement le genre de film qu’il me fallait, même si c’est très vite long et un poil emmerdant et que je ne conseille ça à personne.

Il y a derrière le film l’amas obligatoire de références lourdingues qui nous rappellent les thématiques dégénérées des 70’s qui auraient été mal digérées, cela donne au film le petit air prétentieux qui lui manquait et cela saura réjouir l’adolescent qui sommeille en vous, mais sinon, vous pouvez aussi oublier tout de suite et vous laisser hypnotiser par les images sans réfléchir, ça vaut probablement encore mieux…

Nous sommes à mille années lumières des inventions brillantes du chef d’œuvre de Dziga Vertov sur un principe assez comparable, mais certains passages ont leur charme, ça aide à étouffer les bâillements polis que le reste du film inspire…

En fait, paradoxalement, c’est un merveilleux panégyrique à la louange de ce qui manque ici cruellement, l’histoire, petit détail moins simple qu’il n’y paraît et contre lequel un snobisme un peu facile essaie parfois d’intervenir avec une maladresse constante.

Mais bon, sinon, les nuages sont vraiment chouettes comme tout, même au milieu de l’oeuvre boursouflée d’un vidéaste inutile.
Torpenn
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le 14 juil. 2013

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