Michael Dougherty n’a réalisé que deux longs-métrages, à 7 ans d’écart, le premier étant Trick ‘r treat. Jamais sorti en France, le film est pourtant devenu culte aux USA, et une suite s’est fait attendre depuis lors.
J’avais pas mal apprécié, et comme beaucoup de gens, j’attendais que Dougherty se remette à la réalisation, jusqu’à ce qu’il sorte Krampus l’an dernier. Si celui-ci est sorti en France, il a quand même fallu attendre 6 mois de plus (distribution merdique d’Universal, comme d’hab), ce qui m’avait retiré l’envie de me déplacer en salles.
Etant toujours dans la période de Noël, je me suis dit que c’était le bon moment pour enfin voir Krampus, moi qui voulais un film d’horreur justement.


Après avoir traité d’Halloween, Michael Dougherty et ses co-scénaristes se moquent des valeurs que Noël est censé véhiculer, en les opposant à la réalité du chaos lors de l’achat des cadeaux et des disputes lors des repas de famille. Les situations sont exagérées à des fins comiques, mais de façon trop lourde la plupart du temps.
Les protagonistes de Krampus sont cette famille dysfonctionnelle, composée à moitié de beaufs à la caractérisation poussive. Je crois que je n’ai pas ri une seule fois de tout le film (juste souri, pour un des gags avec le chien), parce qu’en plus de ça les gags sont vraiment attendus. Un gamin rote, son père le félicite… c’est original.
Par ailleurs on ne nous montre aucune interaction entre les personnages qui ne soit pas chargée en animosité ; ça n’est pas drôle, mais juste irritant.
On se demande aussi ce qui retient les parents d’empêcher les gosses d’en martyriser un autre, et pourquoi c’est ce dernier qu’on cherche à calmer en lui disant de ne pas causer de problèmes quand il veut riposter. C’est d’une injustice d’autant plus énervante que le comportement des personnages n’est pas logique.


La famille se retrouve coincée dans le blizzard, sans moyens de communication, sans électricité, et sans plus personne aux alentours. On ne voit pas à 3m devant soi, mais on laisse quand même une adolescente partir toute seule à quatre pâtés de maison de là ; bien sûr.
Même quand la nuit tombe, le reste de la famille ne panique pas trop, ils ne cherchent même pas à aller voir eux-mêmes dans les alentours s’ils peuvent obtenir des informations ou de l’aide. En fait c’est uniquement la disparition de leur fille qui les fait sortir de la maison.
Les éclaireurs se retrouvent dans un bâtiment démoli, la cheminée éclatée, et là un des types nous sort "looks like a gas line blew"… mais oui. C’est le beauf qui dit ça, mais quand même.
Krampus est rempli de passages idiots comme ça ou manquant de logique. Le gosse qui se fait avoir avec le gâteau qui pend à une chaîne avec un crochet, mais oui mords donc dedans, tu ne risques rien ; les deux maris qui entendent l’adolescente hurler à l’aide puis oublient complètement cet incident, avant que la mère ne demande où sa fille est passée, "t’inquiètes pas, on va la trouver", tout à fait.


Pas mal de scènes censées tendues m’ont ennuyé, seulement une ou deux ont suscité chez moi une très légère angoisse.
Heureusement que les monstres ont un look sympa, leur arrivée au bout d’1h semble annoncer enfin un peu de fun, mais non. On ne ressent pas de danger pour les personnages, car les méchants se comportent la moitié du temps comme les employés d’un train fantôme : ils font seulement mine d’attaquer, le pire étant ces elfes qui se contentent de bouger sur place devant les héros ; ne sont-ils pas là pour les tuer ?
Il y a quand même quelques idées que j’ai bien aimé, comme ce détournement glauque des bonhommes de neige, ou cette séquence animée, qui est sûrement la plus réussie de tout le film. Et qui est interrompue par une blague du beauf, de façon très prévisible, par une blague du genre "vous n’allez pas croire à ces âneries ?", enfin bref le truc qu’on a déjà vu des centaines de fois.


Même le montage de Krampus m’a gêné à certains moments, de par son rythme et le choix des plans. En général, c’est un peu trop rapide, le monteur a trop cherché à faire voir la diversité des plans filmés, sans que ça serve l’émotion de la scène.
Par exemple quand les parents du héros sont à la fenêtre et savourent un moment de repos, le montage reste trop dynamique pour véhiculer le ressenti des personnages. De plus, ça souligne l’aspect très impersonnel du découpage ; on sent qu’il n’a pas été très réfléchi, et que le réalisateur s’est juste assuré de couvrir une séquence avec autant d’angles de caméra que possible.
C’est pour ça qu’à certains moments, durant un simple dialogue, on passe d’un plan large à un plan serré d’un personnage avec une amorce, puis suite à un contre-champ, un autre plan du même personnage mais un peu plus serré ou avec une amorce différente. Ça ne suit aucune logique de mise en scène, Dougherty a juste favorisé la variété des plans, sans raison.
Il y a même une scène qui perd en crédibilité juste à cause du montage : celle où les gamins se battent au début, et où on entend du verre se briser sur un bref reaction shot des autres personnages. Le bruitage est sûrement là pour donner plus d’impact à la dispute, mais on ne voit rien se casser.


Je suis vraiment déçu par Krampus, parce que j’avais aimé Trick 'r treat, et parce qu’on en disait beaucoup de bien.
Il n’y a pas de quoi me réconcilier avec le cinéma d’horreur contemporain…

Fry3000
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le 28 déc. 2016

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Wykydtron IV

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