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Le Krampus en 10 étapes :


1- Fermez les yeux très forts. Respirez calmement. Rouvrez-les sinon vous allez galérer pour lire la suite…


2- Laissez-vous envahir par l’esprit de Noël. En mai… alors que le film est sorti en décembre aux USA, en Belgique et au Quebec... N’hésitez pas à passer du Tino Rossi si ça peut vous ambiancer.


3- Effacez tout souvenir de l’étrange Noël de monsieur Jack, de Gremlins 1 ou encore des deux Jack Frost (une histoire de bonhomme de neige tueur), en gros les deux ou trois douzaines de films depuis 1980 associant l’esthétique de la saint Sylvestre et des monstres/tueurs psychopathes en se croyant original. On échappe au père Noël tueur, doit on l’en remercier pour autant ?


4- Vous saviez qu’une théorie prétend les films d’animation de Tim Burton sont tous liés ? L’histoire commençant avec frankenweenie racontant l’histoire du jeune Victor, puis les noces funèbres où il est à l’âge adulte et enfin l’étrange Noël de monsieur Jack (qu’il a scénarisé) où il est dans le monde des morts, le chien Sparky reconnaissable à son inimitable truffe l’accompagnant à chaque fois. Dans tous les cas, si vous voyez de quoi je parle retournez à l’étape 3.


5- Servez-vous du Krampus, figure de père fouettard récemment récupérée par la culture américaine comme une espèce d’icone contestataire de Noël en tant que gros passage obligé mercantile. Comme ça on place un sous-texte facile aussi développé à travers nos héros, un groupe de second rôle volontairement clichés et oubliables tentant de dresser un portrait de la famille américaine, de l’ado rebelle en passant par le beauf pro-arme à feu idiot et la mère sous xanax. Du sous-south-park parfois drôle mais parfois seulement.


6- Faites raconter l’histoire du Krampus par une mémé chelou qui jusque-là ne parlait pas la même langue que le reste de la famille, mettez une réflexion d’un personnage en espérant que ça passe comme une sorte de rustine sur un scénario qui se dégonfle salement. Origine du Krampus qui, à part un parallèle capillotracté avec les nazis, est d’un intérêt frôlant le néant. Le truc aurait été chauve avec des lunettes à la place de ses cornes qu’on aurait pu appeler le film Jean-Pierre Coffe sans problème.


7- J’aimais bien Jean-Pierre Coffe. J’aime bien aussi le réal, Michael Dougherty, pas parce qu’il est bon mais parce qu’il est un pote de Brian Singer et que j’ai une certaine sympathie pour son premier film, Trick’r Treat, une suite de sketchs façon les contes de la crypte fait en 2007 passé à deux doigts d’une sortie ciné pour des problèmes de droits.


8- Bon les points positifs : les créatures sont vraiment un design excellent. En même temps Krampus n’a rien d’un film d’horreur fauché et c’est le studio derrière les seigneurs des anneaux et le hobbit qui les anime. Toutefois, étant conçu pour une classification PG 13 (ça veut dire violent mais pas trop aux USA, c’est la classification des Marvel par exemple), le film assume très peu son côté « horreur » au-delà d’un simple présentation de sa galerie de créatures macabres.


9- Deuxième truc sympa, c’est que le film revendique son côté conte de Noël, citant directement Un chant de Noël de Dickens alors que son esthétique rappelle parfois le grinch, le pôle express (le grelot), etc. Le problème étant que si son histoire est construite comme une parodie des récits où un petit garçon/fille perd puis retrouve l’esprit de Noël, ici l’invocation du Krampus sonne comme une mauvaise blague. Le postulat de départ étant résumable à « si tu crois pas au père Noël on va venir buter toute ta famille »… Bon, petit papa Noël en version orchestrale aux intonations menaçantes, ça m'a quand même bien fait marrer.


10- Maintenant que vous avez atteint un état de conscience supérieur où l’amour de son prochain prime sur l’ego, où les matins chantent, où la dinde aux marrons cuit dans le four et où les enfants insouciants attendent leurs cadeaux avant de s’apercevoir désappointé qu’ils n’auront pas le dernier i phone, dans ces conditions précises de plénitude on peut alors enfin voir Krampus tel qu’il est réellement : une série B moyenne, convenant au plus grand nombre puisque bouffant à tous les râteliers mais manquant cruellement d’âme ou d’ambition.


Ah oui et comme il a fait 45 millions de $ de bénef, va y en avoir un deuxième, ma joie est palpable de 9h à 9h15 hors jours fériés et vacances scolaires.

Cinématogrill
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le 4 mai 2016

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