Si on le place à côté des mastodontes comme Dreamorks ou Pixar, le catalogue du studio Laïka parait bien vide. Là où les deux autres géants enchaînent deux films par an, les créateurs de Kubo and the two strings ont réalisés en tout et pour tout, quatre long-métrages d'animation en une décennie. Pourtant, malgré un personnel et un budget clairement plus limité, chaque apparition du studio Laïka s'est plutôt fait remarquer par la critique. C'est encore une fois le cas de ce dernier né, réalisé par Travis Knight, le directeur du studio lui-même.
Mélange entre du stop-motion et des CGI, Kubo and the two stings est absolument magnifique formellement. Les couleurs sont belles, le design des personnages est tantôt mignon tantôt monstrueux, et certaines scènes - comme celle des oiseaux- sont tout simplement splendides. Les idées affluent : par exemple, le héro a le pouvoir de faire vivre de simples morceaux de papier. Une idée aussi intéressante sur le fond que charmante sur la forme. Car oui, du fond, Kubo en a. Il serait en effet bien dommage de limiter le film à une simple démonstration visuelle. Le récit propose de bons personnages et n'a pas peur d’ajouter un peu de noirceur dans l'univers souvent trop clair des films d'animation (exemple : le héro, 12 ans tout au plus, s'est fait arracher l'oeil par son grand-père). Et puis sans être philosophique, les thèmes sont plutôt profonds pour un film d'animation : le deuil et la légation des traditions en sont les principaux. L'émotion est elle aussi présente. Une petite touche d'humour vient saupoudrer le tout, évitant Kubo d'être trop lourd.
Cependant, le film n'est pas parfait pour autant. Si l'alliance stop-motion/CGI est globalement réussie, on observe ses limites dans des décors parfois bien trop vides, manquant sérieusement de vie. Certains combats, notamment le premier, manquent clairement d'intensité, gâchant un peu le potentiel des créatures présentes. Du point de vue de la narration, la dernière demi-heure fonctionne moins, l'enchaînement "combat/révélation/combat/révélation" devenant légèrement lassant. On pourra également reprocher quelques dialogues parfois un brin trop enfantin, tranchant avec certains passages plus sombres.
Malgré tout, Kubo and the two string est de loin une des plus grandes réussites de cette année en terme d'animation. Son animation splendide et la profondeur de ses thèmes permettant aisément de pardonner ses quelques lacunes.