Une introduction trop souvent utilisée depuis L'inspecteur Harry : panoramique sur la ville vue à travers une lunette de sniper, hop la caméra s'arrête sur un groupe de costumes-cravates 3,2,1, PAN. Celui au centre s'écroule. Déjà vu ? Non ! Dès le second plan sur le tireur, Anwar, nous entrons dans un autre monde. Celui de l'exploitation à moustache ; égypto-libanaise pour être précis. Si sa pilosité n'est pas une preuve suffisante de distinction exotique, notre assassin exhibe fièrement son arme. Pas un sniper comme on aurait pu le croire, non, une kalachnikov plaquée or de toute beauté. Pour accompagner cette coquetterie rare, démarre cette chanson véritable thème du film qui revient au moins autant que du John Williams dans Turkish Star wars. Sans transition une course-poursuite en voiture dans les rues. Élégante et dynamique, on a là le point fort du film, autrement plus dégénéré lorsqu'il s'agit de fusillades ou d'intrigue, mais je m'avance. Si ce talent est probablement pompé ailleurs, au moins il copie bien et mes souvenirs des classiques du genre (Bullit, French connection) sont trop lointain pour m'en scandaliser. Une reprise plan par plan de Point limite zéro vers la fin m'a un peu plus dérangé mais pour l'instant tout va bien. Plein de ressources, Anwar ne s'arrête pas pour quelques égratignures dues à l'explosion de sa voiture, sème ses poursuivants et enterre son magot façon Le Bon la brute et le truand dans un cimetière en plein désert. Par contre vu la chaleur, il ne s'amuse pas à creuser une fausse tombe avec une croix improvisée, en plus faudrait trouver un nom. Notre moustachu utilise une concession déjà occupée par un cadavre pas encore bien nettoyé par les rats.


Petite introduction sympathique et bien nerveuse finie, place à l'intrigue. Et là on est servi comme des rois parce que notre réalisateur a un goût pour le surréalisme et les tétons. Anwar se réfugie dans un manoir à ambiance sadienne et Soraya, maîtresse de maison malheureuse sous la tyrannie de son mari, se met très à l'aise pour le soigner. On apprend au passage qu'elle réconforte fréquemment sa belle-sœur impotente et d'au moins soixante ans son aînée. Étrange choix de casting pour cette vieille dame en fauteuil roulant jouée par un homme affublé d'un masque caoutchouc aux airs de sorcière Disney. Heureusement, cette bizarrerie s'explique à la fin dans un mélange de Psychose, giallo, et de Laurel et Hardy culminant en révélation Scoubidou !
Non pas du tout...
Disons qu'il y a une logique tordue de choix technique qu'il m'a fallu deux visionnages à comprendre. Accrochez-vous :


à la fin un imposteur masqué remplace la vieille dame, mais vu que l'accessoire n'est pas totalement au point, cet acteur joue dès le début la vieille dame pour rendre crédible et visuellement cohérente la supercherie plus tard.


Flash-back, musique, toujours plus de classe entre pantalons hommes serrés et mini-mini-jupes vite enlevées, tranchage de gueules au hachoir dans un abattoir, amour, trahisons, pistolets, voitures... Je m'arrête juste sur l'amour, point fort de Samir Khouri véritable John Woo de la baise : ça implique un lit et beaucoup de colombes. Un peu dégueulasse et un coup à se retrouver le cul plein de merde, mais c'est un pays libre (enfin ça dépend lequel entre le Koweït, l'Égypte et le Liban).


Je ne suis pas sûr d'avoir été très clair, surtout l'histoire du masque. Pas grave, le film ne l'est pas beaucoup plus.

Homdepaille
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le 21 mars 2021

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