Kuzco, l'empereur mégalo
6.8
Kuzco, l'empereur mégalo

Long-métrage d'animation de Mark Dindal (2000)

Drôle de parcours qu'a suivi ce Disney dès sa genèse. Au départ, il était prévu comme une relecture du conte de Mark Twaïn Le prince et le pauvre avec bel et bien l'empire Inca comme contexte. Il était sous la baguette de Roger Allers, co-réalisateur du Roi Lion, et il s'appelait Kingdom of the Sun. Suite à des problèmes, Mark Dindal a rejoint la réalisation tandis que Roger Allers quitta le navire. Et pour je ne sais quelle raison, le projet a muté, et il est devenu Kuzco, l'empereur mégalo.


Et Kuzco, c'est tout simplement l'anti-Disney (fait par Disney) par excellence. En y repensant, l'idée d'avoir un film d'animation riche sur l'univers des Incas ne m'aurait probablement pas déplu, d'autant que Kuzco a un univers plus prétexte que vraiment contexte. Mais voilà, Kuzco c'est le plus barré et le plus délirant des Disney. C'est ce que Hercule et Aladdin ne sont qu'à moitié, c'est tout simplement une comédie complètement loufoque, nawak du début jusqu'à la fin, aux allures de Tex Avery géant mêlé à de l'humour sans aucun sens à la ZAZ.


C'est l'histoire de Kuzco, jeune empereur inca aussi capricieux que nombriliste, qui finit par renvoyer Yzma, sa conseillère aussi folle dangereuse et ambitieuse qu'elle est "moche à faire peur sans le faire exprès". Celle-ci décide de tuer l'empereur pour prendre sa place et régner sur l'empire. Pour ce faire, elle a l'intention de l'empoisonner lors d'un repas. Sauf que Kronk, son bras droit aussi imposant qu'il est spécial intellectuellement parlant, se trompe de fiole, et Kuzco se retrouve transformé en lama. Il est ensuite abandonné sur la charrette d'un gentil paysan nommé Pacha et cherche à retourner sur son trône en collaborant bien malgré lui avec le paysan alors qu'il se l'est mis à dos après avoir eu comme intention de raser son village pour se construire une nouvelle résidence de luxe.


Soyons clair, si on regarde ce Disney, ce n'est pas pour son scénario, sympa mais finalement classique et un peu accessoire. Ce n'est pas pour rechercher du gigantisme digne du final du Bossu de Notre Dame, de l'émotion à la "mort de Mufasa qui a traumatisé ton enfance", des chansons entêtantes ou que sais-je encore. Non.


Si on le regarde, c'est bel et bien parce qu'il est à mourir de rire. Il est souvent considéré comme le Disney le plus drôle de tous, et je serais bien tenté de dire que oui. Enfin bien entendu, il faut adhérer à un humour bien WTF à la Cartoon Network et à un rythme infernal mais si on est amateur de ce genre d'humour largué à toute berzingue sans se soucier du reste, on passe plus d'une heure à se tenir les côtes devant un tel cocktail de n'importe quoi complètement assumé.


Entre les nombreuses fois où le film brise le quatrième mur avec notamment notre bon Kuzco qui veut toujours ramener l'image sur lui, des situations aussi improbables que délirantes, typiquement cartoonesques (avec les petits bruitages qui vont avec) et réjouissantes tels par exemple un écureuil sadique qui veut réveiller des jaguars à l'aide d'un ballon, un garde qui souhaite rentrer chez lui parce qu'il a été transformé en vache et j'en passe, et beaucoup de répliques géniales, moi personnellement je marche à fond et je rigole sans arrêt tout le long du film, il faut dire que je suis très friand de ce type d'humour.


Le film propose également une galerie de personnages très sympathiques. La relation entre Kuzco et Pacha n'est pas forcément neuve (même si elle se permet dans son évolution un bon contre-pied avec la fausse poignée de main) mais les deux personnages sont finalement attachants, chacun à sa façon. Mais c'est surtout les méchants qui sont excellents. Yzma est aussi folle dangereuse qu'elle est hilarante de par son caractère exécrable, et son bras droit Kronk est fantastique. Il est bien débile mais il se prend parfois tellement au sérieux, il a des problèmes de conscience ce qui lui vaut quelques discussions avec son ange et son démon d'épaule, il parle aux écureuils et il est à l'origine de bon nombre des meilleurs gags et répliques du film. Le plus, c'est que même les personnages secondaires voire très secondaires sont très marrants.


Le fond en lui-même reste plutôt classique, avec l'évolution du personnage de Kuzco qui finit par avoir une réflexion sur son égoïsme, mais ce n'est pas appuyé à l'extrême et on n'y fait pas trop attention du coup, ça a le mérite de ne pas sombrer dans des tentatives d'émotion à deux sous.


Pour l'animation, ça passe ou ça casse. Soit on n'adhère pas du tout aux designs et on trouve que l'animation est très peu recherchée voire laide par moments, soit on accepte de voir un design original qui colle avec le caractère absurde et cartoonesque du film. Personnellement je me situerai dans la deuxième catégorie. Et quand bien même l'animation ne tire pas le meilleure profit de l'univers Inca, elle n'en est pas moins inventive, avec par exemple le labo secret d'Yzma digne du Laboratoire de Dexter.


Kuzco, l'empereur mégalo peut paraître assez à part parmi les classiques d'animation Disney, mais il n'en reste pas moins un film hilarant que je revois avec plaisir. En sacrifiant un film riche sur l'univers Inca au profit d'une comédie barrée, le résultat est une bombe de bonne humeur où les auteurs se lâchent et balancent un second degré décapant et un humour aussi n'importe quoi que génial qui sort de tous les côtés à profusion. En ce qui me concerne, un de mes remèdes en cas de morosité, dont je ressors avec une pêche d'enfer.

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le 6 janv. 2017

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Nick_Cortex

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