L'épithète "confidential" est toute trouvée : prospérant sur le fait divers, au format tabloïd dans l'ambiance et film noir dans les détails, le film remonte le temps et démonte l'espace pour révéler le Los Angeles d'après-guerre trépidant qui fascinera et inspirera longtemps l'amateur du genre policier.
Hanson sait parfaitement se situer entre l'esprit de curiosité malsaine du public pour la racaille, encore tabou dans les 50s, et son contraire : l'habitude qu'on a prise de voir ladite racaille représentée au cinéma. Cette habitude a été rodé par le même Hollywood que le film désenchante en nous montrant le vice, la corruption, et les rouages d'une justice partie en vrille.
Le plus intéressant est de voir les têtes d'affiche (Spacey, Crowe et Pierce) manipuler des personnages qui s'entrecroisent, des hommes qui ont tous leur intérêt particulier à servir l'intérêt commun. L'adaptation du roman en scénario les rend assez creux mais cela ne les empêche pas d'être capables de l'efficacité froide typique du film noir aussi bien que d'une violence étrangement brute et élégante, très éloignée de la puérilité du polaroïd.
Heureusement que ces hommes sont là. Fourmillant dans le fond et soigné sur la forme, L.A. Confidential est un monolithe à la Tarantino respirant l'Amérique qui en impose, par contre il respire trop vite. Une bonne partie de l'histoire se traverse comme un épisode accéléré et accessoire, mais on réalise quand elle se termine qu'elle contenait autant de l'âme du film que le reste - une âme hâchée menue en l'occurrence, dont on ne garde qu'un arrière-goût vague de moiteur et de sexisme hélas invisibilisés. Quant au roman, on le retrouve dans des dialogues taillés sur mesure et les coups de théâtre dont l'œuvre se sert comme d'un dopage dans ses moments de faiblesse.
Dopé, hélas. Voilà l'adjectif, non prémédité de ma part, qui convient à L.A. Confidential. C'est un monument de son genre qui oublie de se construire seul.
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