Dans la série des films sur le mensonge, on a là une grande oeuvre, menée parfaitement par la réalisatrice, et jouée à la perfection. Daniel Auteuil est perturbant. Il campe ce personnage, inspiré de faits réels, qui fait croire à sa famille, à ses amis, qu'il est médecin pendant 18 ans, avant de commettre un massacre. Son caractère est doux, mais inquiétant, toujours enrobé d'un silence pesant, dont on sait (mais sans savoir pourquoi) qu'il cache un immense mal-être. Ce mal-être qu'il ne parvient jamais à apaiser, pas même dans les bras de sa maîtresse, lui donne un caractère tragique, pathétique, et nous met dans une situation de sympathie un peu confuse. C'est la force du film, qui nous dépeint un "looser", que la maladresse a par miracle préservé durant 18 ans. La spirale du mensonge y est bien décrite, et l'issue fatale, comme une échappatoire lugubre aux souffrances, une délivrance funeste qui donne à l'ensemble tout son tragique. L'ambiance est pesante, tout en restant sobre, sans musiques, sans chichis, une mise en scène aussi taciturne que le personnage, ce calme trompeur, mais aussi percutante, avec un montage oscillant entre ce passé insaisissable et ce présent qu'on sait inévitable. A voir!