L'Agent
7
L'Agent

Film de Luigi Zampa (1960)

Sans Internet, comment accèderait-on à ces petits pamphlets italocentrés qui sont pourtant des perles internationales d’automoquerie ? Ici, Sordi fait le clown en costume de policier dans un format décomposé (mais loin d’être pourri) en espèces de chapitres (que je nommerais Le Glandeur, Le Policier et L’Homme) eux-mêmes découpés (mais sans boucherie) en sketchs : le procédé habituel permettant aux cinéastes italiens de caser plus de petits gags et de situations abracadabrantes qu’une narration standard ne saurait tolérer – à se demander s’il serait possible de sortir ces œuvres de leur anonymat sans les endommager.


Pourtant, il en existe des versions restaurées, redistribuées et sous-titrées comme celles-ci qui transmet toute la gentille haine de nos voisins pour leurs propres forces de l’ordre et leurs autorités communales, le compromis suranné d’un esprit villageois avec une ère médiatique qui a le vent en poupe – un milieu où les stars comme Sylva Koscina peuvent avoir 18 millions de téléspectateurs (source : le film ; on n’aura pas vérifié au-delà par peur de tout casser) et le policier la rencontrer sans une once de formalité, lui le représentant du désordre dont, par ailleurs, le père aura tiré sur le roi pendant la Première Guerre parce que pourquoi pas.


Difficile d’imaginer que la Cinecittà était à l’époque presque aussi fermée et prestigieuse qu’Hollywood ; les mégalopoles italiennes agissaient comme des satellites et il est trop tard pour continuer à les apprécier à leur juste valeur de fragments bicolores d’une Italie comiquement inconséquente.


Quantième Art

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 24 nov. 2019

Critique lue 130 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 130 fois

D'autres avis sur L'Agent

L'Agent
AlexandreAgnes
7

Critique de L'Agent par Alex

Une comédie enlevée, souvent très drôle, qui finit par moquer avec amertume l'impossibilité de renverser les autorités malhonnêtes qui font pression sur les petites gens. Alberto Sordi y est...

Par

le 2 juil. 2016

3 j'aime

L'Agent
Boubakar
8

Le prix de l'honnêteté.

Un homme au chômage, régulièrement brocardé par ses proches et sa femme, va avoir un coup de pouce du destin quand son fils va sauver l'enfant d'un adjoint municipal qui manquait de se noyer. Du...

le 19 févr. 2022

2 j'aime

L'Agent
Cinephile-doux
8

L'honnêteté ne paie pas

Un petit coup de moins bien, un peu de vague à l'âme ? L'antidote à la morosité s'appelle Alberto Sordi. Jamais déçu avec cet animal, toujours grandiose, parfois génial. Comme dans cette petite...

le 31 juil. 2019

1 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime