Sixième et dernier film des contes moraux, le film raconte comment un jeune homme est sous le charme d'une femme (Chloé) alors qu'il aime déjà son épouse, qui attend leur deuxième enfant.
Il est rare de voir des réalisateurs dont on reconnait immédiatement la patte : le travail sur le son (souvent postsynchronisé), le format carré et bien entendu les dialogues souvent verbeux, où l'herbe semble pousser entre chaque respiration, et la grande présence des voix-off. Enfin, cette façon de parler de l'amour. Pas de doute, nous sommes bien chez Eric Rohmer.

En voyant le film, je pensais à un film d'Agnès Varda : Le bonheur. Le postulat de base est relativement similaire, ainsi le mari et la femme le sont réellement dans la vie, et l'homme va rencontrer une autre femme sans que ça ne lui pose un problème moral. Mais cette union ne sera pas consommée dans le film, l'homme ayant eu un cas de conscience, alors que son amante s'offre à lui, nue, et qu'il aime au fond que sa femme.
D'une certaine façon, pour l'homme, cette relation est une manière de changer sa vie monotone, car si il semble heureux en apparences avec sa femme et dans son travail, il se demande sans cesse comment briser la routine si il oserait vraiment. On a droit à de très belles scènes où il s'imagine draguer des passantes ou à demander des prostituées, mais jamais il ne franchira le pas, sauf quand il rencontrera Chloé, qui s'avèrera être au départ une connaissance.

Le personnage de Chloé est aussi très intéressant, car il anticipe celui de Bernadette Laffont dans La maman et la putain. C'est une fille de la libération sexuelle, qui batifolait au gré des rencontres qu'elle faisait, et qui couchait avec des hommes par pulsion et pas forcément par amour. Elle apporte aussi une grande tonicité dans le film. Rohmer s'inspirant souvent de l'art pictural pour certains plans, on ne sera pas surpris de savoir que l'actrice qui incarne Chloé, Zouzou, est très belle.

Mais loin de tout jugement sur la position du jeune homme, Eric Rohmer se pose en observateur, avec toujours son sens du cadre, et ces belles tirades. Bref, c'est un cinéma qui m'enchante de plus en plus.
Boubakar
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le 7 avr. 2014

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