Être libre : en 1971, l'idée électrisait la jeunesse d'une bonne partie du globe. En Argentine toutefois, le sens était différent, car il était impossible d'être libre sans devoir profiter des failles d'un système oppressif. Autrement dit : être libre, c'est vivre en marge de la loi.


C'est ainsi qu'El Angel traverse son adolescence, croyant ne rien faire d'autre qu'être libre. Ne connaissant aucune limite (ni légale, ni morale), il oscille entre l'insouciance et la sociopathie alors qu'il entre dans le monde criminel. Ortega lui laissera longtemps le loisir de la première, en partie car cela lui permet d'installer un dynamisme feel good loin des troubles politiques, mais aussi pour nous laisser réfléchir sur la place qu'a l'éthique dans tout ça. À quel point sa motivation libertaire est-elle valable comme philosophie de vie ? À quel moment précis El Angel franchit-il le point de non-retour ?


Le film marche de bon gré avec son fond et sa forme. Lui aussi est libre, bon-vivant. La musique et l'image font vivre et vibrer la désinvolture de l'adolescent, comme si l'on voyait l'Argentine des années 1970 à travers son regard aussi déformant que confiant. Comment lui en vouloir ?


Chez Ortega, El Angel n'est pas le monstre dont les crimes furent si horribles qu'ils créèrent un précédent judiciaire ; si on l'appelle l'ange, c'est parce qu'il a commis ses crimes au nom de l'Innocence. Pas l'innocence judiciaire, mais celle qu'une vague hippie ayant mal pris racine sur le sol argentin a tenté de préserver. Des "crimes innocents" : l'ironie d'une époque.


Quantième Art

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 27 févr. 2021

Critique lue 124 fois

1 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 124 fois

1

D'autres avis sur L'Ange

L'Ange
jaklin
8

L'homme déchu

Un beau film argentin glaçant et très courageux dans son portrait de l’homme décadent. Une sorte de pendant à l’Etranger de Camus, sauf que cette fois le mal est plus profond encore. Enfant gâté...

le 17 août 2020

17 j'aime

13

L'Ange
dagrey
8

L' Ange, biopic d'un assassin dans l'Argentine des années 70

Buenos Aires, 1971. Carlitos est un adolescent de 17 ans au visage angélique, il croise la route de Ramon. Ensemble ils forment un duo trouble d'escrocs et d'assassins. L'ange est un biopic...

le 14 janv. 2019

16 j'aime

3

L'Ange
Cinephile-doux
7

Le tueur au visage de chérubin

Carlos Eduardo Robledo Puch est l'un des criminels parmi les plus célèbres en Argentine. 11 meurtres à son actif, des vols par effraction, un viol et deux enlèvements : un tableau de "chasse" qui lui...

le 22 janv. 2019

9 j'aime

2

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime