Les couloirs succèdent aux couloirs...
Film labyrinthique, éprouvant que réalise là Alain Resnais, bien aidé par l'écriture complètement folle et abstraite de son ami Robbe-Grillet, pas forcément connu pour ses œuvres saines d'esprit auparavant.
Ce scénario, libre à toutes les interprétations (et Dieu sait qu'elles sont nombreuses) et aussi le terrain idéal à de nombreuses expérimentations cinématographiques, Resnais l'a bien compris. Un montage fantastique, des décors somptueux, une caméra qui, loin de résoudre les équations que pose le texte, complique encore plus l'affaire, l'objet qui en ressort est inqualifiable mais surtout inoubliable, que ce soit pour de bonnes raisons (la photographie, magique)... ou de mauvaises.
Aussi maîtrisé que soit le travail des deux Alains, il est trop dense, trop froid, trop flou pour emporter l'adhésion du spectateur. L'Année dernière à Marienbad ne déclenche aucune empathie, mais plutôt des migraines, causées par le rythme lancinant et insupportable de l'orgue et les voies sans-issue de son scénario qui succèdent aux voies sans-issue...
Une expérience incroyable, hautement baroque, chef d'œuvre technique de Resnais mais très dur d'accès et qui ne peut intrinsèquement pas plaire à tout le monde...