Souvenirs de Bonello et de la prostitution...

Traiter de la prostitution dans une fiction en huis-clos, l'idée est louable et tient même du gros challenge pour ne pas tomber dans la caricature et les préjugés faciles.
Et on se rend compte alors avec une certaine joie qu'il est aussi possible de suivre avec simplicité et sans aucun ennui un film de Bonello sans se demander s'il parle une langue inconnue ou sans avoir besoin de lunettes 3B (j'avais vu Tiresia et en sortant, je m'étais résolu à penser que j'étais trop stupide pour apprécier ce genre de film)
Pour compléter le tableau, retrouver l'une de mes actrices préférées (Noémie Lvovsky) dans le rôle d'une Madame Claude et j'étais pas loin d'encenser son nouveau film avant même de l'avoir vu...
Mais donc, je l'ai vu et je suis rassuré, Bonello est un être humain comme les autres et je ne suis pas si stupide !!
Pour le moins, le propos arrive à nous rappeler que, quoiqu'on pense et dise de la prostitution, celle-ci reste le métier number one de la survie.
Une prostituée ne se demande pas si elle est heureuse ou non là où elle est, elle n'en a pas vraiment le loisir, et que ce soit il y a 100 ans ou aujourd'hui, elle reste toujours en perpétuel sursis de voir sa vie écourter pour maladie honteuse ou mauvais traitement ; constat qui n'est pas inutile de retranscrire encore aujourd'hui et plutôt réussi ici !
On se souviendra aussi qu'une prostituée fait plutôt partie des faibles et des sans pouvoir et qu'aujourd'hui encore, il semble bien que les forts s'en sortent toujours indemnes en face d'elles, le sujet est bien actuel.
En rajoutant que toutes les actrices sont bonnes (et ce n'est pas un jeu de mots), et on se dit alors : où le bas blesse ?
Eh bien, dans 2 domaines je dirais :
1. le scénario... pas vraiment de rôle principal qui nous empêche de réellement nous immerger dans le film (mais le titre nous préfigurait déjà cela > en disant "souvenirs de maison close" on craint un peu l'accumulation d'anecdotes proches du docu), et puis pas vraiment d'intrigue puisqu'il dépeint ici plus une ambiance de bordel au quotidien plutôt que le destin excitant d'une proxénète. Ca a l'air de rien ces p'tits défauts mais je vous jure, quand on se souvient du film longtemps après, on a plus l'impression de se souvenir d'une ou deux images (la pute et son sourire de Joker, par exemple) plutôt que d'une vraie histoire, et du coup le tout parait assez anecdotique et c'est bien dommage !
2. les décors... même si je n'étais pas là il y a 100 ans pour vérifier l'exactitude des lieux, j'avais plus l'impression d'être dans un épisode de la série Rome filmé en gros plans plutôt que dans un bordel parisien début 20ème siècle... je trouve ça assez gênant au final !
3. pour terminer, je rajoute un 3ème point... Bonello m'a définitivement paru humain avec cette fin d'une incroyable paresse digne d'un étudiant de 1ère année de cinéma, en faisant en 30 secondes le parallèle avec la même pute mais de nos jours sur le périph avec image dégueu à l'appui !!
Le sujet n'a donc pas encore cette fois trouver un réal et un scénario à la hauteur... tant pis !