Pourra-t-il y avoir de nouvelles apparitions mariales convaincantes à l'ère des téléphones portables ? Ce film pose la question de manière subtile et profonde, sans ostentation ni sensationnalisme, grâce à l'enchevêtrement des destins d'êtres tourmentés, qu'on a plaisir à découvrir à mesure que l'intrigue les dévoile au ralenti, à coups de chapitres presque littéraires. Vincent Lindon campe un journaliste traumatisé par une mission dramatique, à qui cette enquête permet de remettre le pied à l'étrier loin de tout théâtre de guerre. Il en a besoin, et cette soif de rédemption par le travail pourrait bien le mener plus loin qu'il ne le croyait au départ, au milieu d'une belle galerie de personnages dont les façades se lézardent progressivement. Bon, il est toujours impeccable, Lindon, en monolithe fissuré. Mais il a en face de lui le jeune visage angélique d'une aspirante à la sainteté qui l'inonde d'une lumière surnaturelle... Saint Georges et le Dragon, ou Galaad et Kaa, en quelque sorte. Une rencontre hybride et improbable, qui donne à l'intrigue un dynamisme et une profondeur passionnants. Pourtant, l'action est réduite au minimum... quelques allers et retours en voiture, tout au plus, à part le voyage final, percée éblouissante vers le cœur du problème. Je crains de trop en dire, alors je me contenterai de recommander cette histoire d'apprivoisement et de sacrifice, qui sort vraiment des sentiers battus et qu'on a traitée avec tout le respect qui lui était dû.