Avec l'Armée des Douze Singes, le réalisateur Terry Gilliams prolonge son travail d'expérimentation cinématographique tout en s'inspirant du court métrage/roman photo de Chris Marker, La Jetée.

Deuxième serment de sa "trilogie orwellienne" composée de Brazil puis, plus tard de Théorème Zéro, le membre des Monty Python mêle cette fois voyage dans le temps et fin du monde, dans un tumulte post-apocalyptique steampunk de toutes beautés.

En tête d'affiche, on retrouve Bruce Willis dans l'un de ses plus grand rôle face à un Brad Pitt explosif qui délivre là une performance d'anthologie (la séquence de l'asile me vient d'emblée en tête).

Jouant une nouvelle fois avec les angles et prises de vue, Gilliam étire l'image afin de concevoir des plans psychédéliques mettant l'accent sur l'état émotionnel des personnages. L'ensemble est parfait par un travail de mise en scène soignée, en particulier dans sa vision fiévreuse d'un futur chaotique où une humanité, vivant sous terre, se retrouve sous la coupe d'un groupe de scientifiques tentant de sauver l'humanité de sa condamnation. Le futur selon Gilliam ? Anxiogène, poisseux et effrayant.

L'idée d'une intrigue se jouant sur plusieurs courants temporels nous invite à rassembler les morceaux d'un puzzle qui, s'il n'est pas forcément complexe à résoudre, intensifie la puissance de la scène finale, emplie de fatalisme et d'une libération presque divine.

La vision d'un futur post-pandémique n'est cependant pas le seul élément phare de ce film. La perception de la folie émanant du personnage incarné par Willis que développe Christine, la psychiatre obligée de le suivre dans un Road movie halluciné, a le mérite de proposer une alchimie intéressant. Il n'y a qu'à voir le mantra de ce personnage, qui définit le rôle de ce métier comme de celui qui décide d'où commence et où s'arrête la folie. Ce questionnement revient à maintes reprises durant leur périple quand ils finissent par ne plus savoir où poser pied entre réalité et folie.

Car c'est cela, L'armée des Douze Singes : un voyage pour sauver l'humanité de sa propre folie, quitte à plonger les deux pieds dedans.

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le 1 nov. 2023

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