Terryne de singe

Terry Gilliam est un grand malade. Rien de péjoratif dans cette formule, juste un constat amusé. Que ce soit dans son travail avec les Monty Python, ou dans son travail de réalisateur en solo, Terry Gilliam est un grand malade. En effet, la relecture de La Jetée qu'il fait (court métrage que j'ai vu pour l'occasion, allez y c'est très bien), témoigne d'une folie assez débordante, qu'on souhaiterait perpétuelle. En effet, si certains passages d'exposition sont passablement laborieux, on retiendra surtout des passages de folie plus ou moins douce, comme ce grand angle sur Brad Pitt courant sur des lits d'hôpital en déchirant les oreillers, porté par un thème principal particulièrement mémorable. Les concepts SF de La Jetée cadrent parfaitement avec les idées visuelles de Gilliam, qui se paie même le luxe de montrer les parallèles entre La Jetée et Vertigo (utilisation très ingénieuse du plan des escaliers, caressant ma pédanterie cinéphile dans le sens du poil). Pour le reste, mis à part la photo un peu kitsch et datée, tout fonctionne, que ce soit Bruce Willis variant son personnage habituel ou Brad Pitt préfigurant Fight Club, ou encore le twist final, identique à celui de la Jetée mais tout aussi efficace. L'armée des 12 singes, c'est brillant, c'est efficace, et les quelques défauts n'entachent que peu une narration et un style particulièrement réussis.