Et si la fin du monde était pour lundi ?

J'ai (enfin) eu l'occasion de voir 12 Monkeys et je me demande encore comment j'ai pu passer à côté depuis si longtemps.

Ici l'excellent Terry Gilliam propose sa propre adaptation de La Jetée de Chris Marker, classique du cinéma expérimental, et fournit ce qui représente aujourd'hui un classique de la science fiction.
Il est tout d'abord incroyable de noter que le film, s'attache à traiter une véritable pléiade de thématiques différentes. Au voyage dans le temps et à la mémoire, directement hérités de La Jetée, viennent s'ajouter l'après apocalypse, la folie et le syndrome de Cassandre, finalement rejoints par l'altération possible du destin. Envoyer quelqu'un dans le passé permettrait-il vraiment d'influer sur le présent ? Et si les fous, qui clament la fin imminente du monde, n'étaient pas si fous ? L'oeuvre soulève des questions, qui viennent titiller l'esprit du spectateur, sans jamais être à même d'apporter des éléments de réponses.
La mise en scène, exemplaire à mon sens, ne s'autorise aucune bavure et fait naître des plans parfois beaux ou surprenants mais toujours très travaillés. Le thème musical principal peut surprendre au début pour un film de science-fiction mais s'accorde parfaitement à l'oeuvre. En fait, l'ensemble des compositions, signée Paul Buckmaster, sont magistrales et apportent un véritable plus.
La société du futur est étudiée quant à elle, en écho à Chris Marker, sous un angle minimaliste mais pertinent, inscrivant le film dans la lignée de ce que l'on pourrait nommer la science-fiction intelligente.
De leurs côtés les acteurs remplissent leurs rôles à la perfection même s'il est important de signaler la prestation sans fautes de Brad Pitt, parfait dans son rôle, et l'utilisation intelligente qui est faite de Bruce Willis, tellement meilleur ici qu'en John Mcclane.

En somme, je m'attendais à un bon film et l'Armée des 12 singes à largement rempli le contrat haut la main. Certains peuvent en sortir frustrés car torturés par des questions sans réponses mais Terry Gilliam signe ici une oeuvre importante qui se suffit à elle même et suscite la fascination de beaucoup.