Un nouveau changement de genre, culte mais malheureusement légèrement en deçà de ses prédécesseurs

À la fin d’Evil Dead 2, nous avions laissé Ash avec un sérieux problème. Après avoir récité l’incantation permettant de renvoyer le démon au fond des âges, il s’était fait aspirer par le même vortex, se retrouvant soudainement lui-même au XIIIè siècle.
Avec ce troisième épisode, la série continue d’opérer son tournant aventure / comédie et se retrouve à ouvrir la voie à d’autres films, qui n’hésiteront plus à injecter des frissons dans une histoire familiale à l’instar de La Momie six ans plus tard. Sam Raimi est encore une fois très clair, l’intention est d’offrir du grand spectacle au plus grand nombre ! Que penser donc de ce troisième opus ?



L’épisode le plus culte



Assurément, cet épisode est le plus “culte” de la saga. C’est dans ce film que Ash trouve réellement son essence et devient le personnage que tout ceux qui le connaissent identifient aujourd’hui. De jeune premier sympathique dans le premier opus à la limite du benêt, il se retrouvait plus assuré et énervé dans la suite, et on le découvre ici complètement bad-ass et arrogant, délivrant des one-liners plus vite que son ombre.
Et je dois vous dire, quel pied ! Bruce Campbell brille dans le film, et il n’est pas étonnant que Ash soit devenu l’icône pop qu’il est aujourd’hui. Pour la petite anecdote, Sam Raimi et Robert Tapert (son producteur sur la saga Evil Dead) avaient été approchés pour pouvoir utiliser Ash dans un film Ash vs. Freddy vs. Jason, montrant le statut qu’a le personnage dans le paysage cinématographique horrifique. Après avoir légèrement hésité, ils s’étaient dits qu’ils avaient d’autres plans pour le personnage, un Army of Darkness II étant à l’époque encore dans les cartons.
Sans surprise donc, les séquences où l’on suit un Ash solitaire dans sa quête pour récupérer le Necronomicon sont les plus réussies du film. On y retrouve toute l’inventivité dont sait faire preuve Sam Raimi pour torturer son ami d’enfance Bruce Campbell devant une caméra, et on rit de bon cœur sans plus aucune gêne, le film est tout simplement marrant.



L’épisode le moins réussi



Malheureusement, si j’ai indiqué précédemment que les séquences de péripéties du héros pour retrouver le livre étaient les meilleurs, j’ai oublié de préciser qu’elles l’étaient de loin. En effet, s’il est drôle de voir un rustre comme Ash évoluer dans un environnement médiéval, la ribambelle de seconds rôles est hélas immédiatement oubliable (à l’exception peut-être d’un Duc Henry sympathique), et j’irai même jusqu’à dire que le roi Arthur est d’un ennui infini dans ce film. Un comble ! Si un film d’horreur peut éventuellement se passer de seconds rôles mémorables (ce qu’on pourrait éventuellement dire du premier Evil Dead, et encore...), ils sont tout à fait nécessaires à la réalisation d’un film d’aventure à grand spectacle réussi. Seul le méchant attitré du film arrive à tirer son épingle du jeu, mais ça serait presque tricher de le compter comme second rôle : c’est après tout le double maléfique de Ash…
Ainsi, une fois le Necronomicon retrouvé (dans une scène hilarante que je tairai volontairement), on se retrouve finalement investi au minimum syndical dans la bataille finale contre l’armée des morts, le sort des chevaliers et de la cour nous important bien moins que le retour de Ash à son époque. Elle semble en effet trop longue, et le rythme peut sembler presque pépère, ce qui est un comble dans ce genre de scènes.
S’il est donc indéniablement plaisant et qu’on passe un bon moment devant, Army of Darkness ne parvient pas à se hisser au niveau de ses deux prédécesseurs. Il aura eu toutefois le mérite d’entériner le personnage de Ash dans la culture populaire, et ce mérite n’est pas des moindres ! Hail to the king, baby.

PhilCher
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le 16 mai 2020

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