"Un homme de 44 ans peut-il repartir à zéro ?"

Eddie Anderson a tout pour lui. Publicitaire talentueux, chouchouté par son patron, riche et bien marié, multipliant les conquêtes sexuelles, il ressemble à la réussite incarnée. Mais dès les premiers plans, on voit les failles.
C'est d'abord dans ce couple. Lits séparés, aucune communication, pas de vie familiale à proprement parler. Mais on est quand même surpris quand Eddie fait une tentative de suicide en jetant sa voiture sous un camion (au terme d'une scène vraiment impressionnante).
Le début du film est très rapide. Par un jeu complexe de flash-backs, on perçoit quelques bribes de souvenirs, sans grande cohérence encore mais qui permettent déjà de comprendre certaines choses. Surtout la présence d'une superbe jeune femme, indubitablement la maîtresse d'Eddie (magnifique Faye Dunaway, sublimement sensuelle).
On comprend petit à petit que notre homme traverse une remise en cause radicale de son mode de vie. Il se rend compte que tout est basé sur des mensonges : hypocrisie dans les rapports professionnels avec son patron ou ses collègues, et surtout mensonges dans sa vie familiale.
Le mariage n'est qu'un arrangement : on fait semblant de s'aimer, on vit à côté l'un de l'autre, on dit parfois ce qui fait plaisir à l'autre. Mais est-ce un couple ?
C'est l'aventure avec Gwen, cette superbe maîtresse, qui va tout changer. Elle, elle est sincère et directe. Elle lui dit clairement les choses et l'oblige à voir ses propres défauts. Elle le met face à ses failles et ses mensonges. Que faire alors ? Tout laisser en l'état ou tout changer ?
Et pour tout changer, il faut aller jusqu'à l'origine du malaise. Le rapport avec le père.

Kazan adapte ici un de ses romans, et l'aspect autobiographique n'est pas masqué : Eddie est d'origine grecque (comme Kazan), et son père n'est autre que le héros d'un autre film du cinéaste, America America (Kazan nous montre quelques images du film comme souvenirs du paternel). Le grand réalisateur nous montre une crise de la quarantaine plutôt brutale et une sérieuse remise en question de tout un mode de vie trop matérialiste. Petit à petit, Eddie va se débarrasser de tout ce qui faisait sa fortune (l'argent, les biens meubles et immeubles) pour les céder à sa femme. Lui ne demande qu'une chose : vivre. Simplement vivre.

La réalisation est particulièrement innovante et moderne et, comme toujours chez Kazan, l'interprétation est au-dessus de tous les superlatifs. Kirk Douglas nous prouve, une fois de plus, qu'il est un des plus grands acteurs de sa génération. Le rythme tombe un peu une ou deux fois, mais le film reste d'une grande intelligence.
SanFelice
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Hopital psychiatrique, Kirk Douglas : mon anthologie, The naked truth et Et si je filmais ma vie ?

Créée

le 15 juil. 2012

Critique lue 1.5K fois

24 j'aime

SanFelice

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

24

D'autres avis sur L'Arrangement

L'Arrangement
SanFelice
8

"Un homme de 44 ans peut-il repartir à zéro ?"

Eddie Anderson a tout pour lui. Publicitaire talentueux, chouchouté par son patron, riche et bien marié, multipliant les conquêtes sexuelles, il ressemble à la réussite incarnée. Mais dès les...

le 15 juil. 2012

24 j'aime

L'Arrangement
Sergent_Pepper
9

Chaos and frustration in the backyard

À divers degrés, la satire a toujours occupé le travail de Kazan, qui pose sur l’Amérique le regard avisé de celui qui l’habite toute en gardant une grande lucidité sur les dérives de sa...

le 12 juil. 2019

22 j'aime

1

L'Arrangement
Alligator
5

Critique de L'Arrangement par Alligator

Assez coriace à avaler, le film est monté à la sauvage, passant du réel au rêve, du passé au présent, d'un lieu à un autre à une vitesse éclair et sur de très brefs instants. Un peu difficile comme...

le 25 sept. 2013

17 j'aime

3

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

256 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Chernobyl
SanFelice
9

What is the cost of lies ?

Voilà une série HBO qui est sans doute un des événements de l’année, avec son ambiance apocalyptique, ses flammes, ses milliers de morts, ses enjeux politiques, etc. Mais ici, pas de dragons ni de...

le 4 juin 2019

214 j'aime

32