L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford critiqué par Anyo

"L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" fût une vraie surprise. Dans cette critique, je vais essayer de mettre en relief différents aspects du film qui à mon avis, en font une variation moderne du "Barry Lyndon" de Stanley Kubrick.

Tout d'abord, il est amusant de remarquer que le titre du film d'Andrew Dominik fait écho au premier intertitre de Barry Lyndon qui est : "Par quels moyens Redmond Barry acquis le titre de Barry Lyndon". Autrement dit, dans les deux films, et c'est là leur aspect commun le plus frappant, l'intrigue nous est dévoilée à l'avance. L'utilisation commune aux deux longs métrages d'une voix off extérieure et impersonnelle qui annonce et commente ce qui se passe à l'écran font de ces œuvres de véritables contes filmés.

En plus de ce narrateur omniscient, l'utilisation de la musique comme une ritournelle accentue cet aspect "contes filmés". Ainsi, là où Kubrick utilisait d'authentiques morceaux classiques (Mozart, Schubert) aptes à raconter une histoire du début du XIXème, Andrew Dominik fait appel à Nick Cave et Warren Ellis pour, de la même façon, utiliser des sonorités typiques de Western (guitares, piano) et les transformées en une musique lancinante, planante et berçante qui se répète à différents moments du film comme chez Kubrick.

D'ailleurs, les deux films se caractérisent également par leur "lenteur", mais dans l'un, comme dans l'autre, ce choix est conscient. Il ne s'agit pas tant de savoir si le spectateur risque de s'assoupir à tel moment ou tel autre mais bien de créer une œuvre cohérente. Vous ne pouvez pas avancer "les pages" plus vite qu'elles ne se tournent. La mélancolie qui en découle est renversante.

Je terminerai par l'aspect plastique du film. Même s'il serait vain de comparer l'image de Barry Lyndon et celle de L'assassinat, comme à celle de n'importe quel autre film d'ailleurs, on peut quand même apprécier l'image du film d'Andrew Dominik pour ce qu'elle est.
Là où Barry Lyndon nous expose ses tableaux, "L'assassinat de Jesse James" développe ses photos. Magnifiques photos d'époque au ton sépia, superbes clichés de nature tantôt aride tantôt luxuriante, tantôt ensoleillée tantôt enneigée.
La temporalité est ce que le film retranscrit le mieux. Le temps qui nous échappe, le temps qui passe et qui nous rapproche inexorablement de l'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford.

La fatalité bouleversante de ces deux films, illustrée à coup d'images et de musique d'une beauté inouïe, en font deux œuvres bien singulières que l'on pourrait qualifier de films mélancoliques à voir et revoir et re-revoir.....
Parce que même si on connaît l'histoire, elle est si bien racontée qu'on y revient forcément, et c'est là, la définition même d'un conte.

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le 28 juil. 2011

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Anyo

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