En décembre 94,sur l'aéroport d'Alger,des terroristes du GIA investissent un appareil d'Air France et prennent en otage les passagers et l'équipage.Ca se terminera à Marseille avec l'assaut du GIGN.C'est tiré de faits réels qui ont fait l'actualité à l'époque et on sait donc comment ça finit,pas de suspense de ce côté-là.Pourtant le réalisateur et scénariste Julien Leclercq parvient à rendre passionnant ce film tendu à l'extrême.Il a d'abord fait des choix formels radicaux.Image travaillée aux confins de la couleur et du noir et blanc,caméra portée,plans serrés,assaut traité en temps réel,la sensation d'étouffement ne nous quitte jamais,quel que soit le contexte traité.Car le film se déplace en quatre milieux ,où la tension monte progressivement,présentés alternativement.Il y a l'intérieur de l'avion,avec les islamistes excités et déterminés,les passagers terrifiés,le personnel navigant qui reste calme.Il y a les gendarmes,leurs préparatifs de départ,alors qu'ils ignorent s'ils auront à intervenir,puis leur prise de position à Marignane en attendant l'ordre d'agir.Il y a les ministères,dans lesquels on analyse la situation et où ça grenouille sec à propos des décisions à prendre.Il y a enfin la femme du chef de groupe du GIGN,restée à Paris et qui flippe de ne pas savoir,une fois de plus,si son mari va revenir vivant ou dans un cercueil bleu-blanc-rouge.Cette cocotte-minute géante arrive doucement à ébullition et va exploser lors de l'assaut,vécu intensément par ceux qui y participent,mais aussi par ceux qui suivent les évènements de loin.Leclercq signe un film factuel,dépourvu de tout discours politique,se contentant de délivrer des faits et de nous faire vivre de l'intérieur,de manière immersive,une action hors du commun.Ce qui permet d'apprendre certaines choses quant à la façon dont on décide en haut-lieu,au stress subi par des militaires mal payés et peu considérés et leurs familles,aux ravages provoqués par le radicalisme sur des esprits faibles.On apprend aussi incidemment que le but du commando était de crasher l'avion sur la Tour Eiffel,en quelque sorte une répétition ratée par le GIA de l'opération que leurs camarades d'Al Qaïda réussiront à New York le 11 septembre 2001.Pour renforcer le réalisme de son film,Leclercq a choisi des comédiens peu connus.Pas de stars donc,à part Vincent Elbaz,très convaincant en soldat d'élite borderline.Autour de lui se distinguent Mélanie Bernier,fonctionnaire idéaliste et énergique du Quai d'Orsay,qui est la première à piger des enjeux qui échappent à sa hiérarchie,Abdelhafid Metalsi,charismatique en leader islamiste,et Philippe Bas,le commandant de police de la série "Profilage",qui imprime la pellicule en tireur d'élite malgré de très courtes apparitions.