Comme il est écrit dans l'Ecclésiaste, Al Pacino, dans ce rôle diabolique, conclura également son intervention par l'évocation de ce péché, son préféré parmi tous les autres.


Car l'associé du Diable n'est pas un titre choisi au hasard. Il n'évoque par l'ange déchu, il l'invoque formidablement bien incarné par ce fabuleux acteur à l'expressivité machiavélique. Tandis que le je regarde pour la troisième fois seulement, je me souviens d'une impression prégnante dès sa sortie au cinéma.
Un jeune premier, avocat à qui tout semble réussir, professionnellement et personnellement, campé par un jeune Keanu Reeves. Sa réussite insolente attire les regards et le voici bombardé à New-York au sein d'un prestigieux cabinet d'avocats. Il y a de quoi avoir la tête qui tourbillonne sous les regards admiratifs qui l'entourent. La réussite américaine dans toute sa splendeur. Mais toute nimbée de religion chrétienne qu'elle elle, la schizophrène terre des possibles voit trébucher le fruit de ses valeurs cardinales. Par la vanité il choit, tel des nuées jadis le tentateur, qui tente de l'attirer dans ses rets. Stimulant son orgueil, il lui fait franchir différentes étapes qui doivent mener son âme à la corruption la plus complète. A cet égard, les scènes sont empreintes de touches de fantastique qui font douter peu à peu de ses perceptions, tant le spectateur que sa jeune épouse, magnifiquement habitée par Charlize Theron.


La folie croissante qui possède l'esprit de la jeune femme, pourtant la plus lucide des deux, est tout aussi effrayante que les oripeaux du Mal dans lesquels se drape le magnat de cette entreprise.


Ainsi, alors que le jeu des actrices et acteurs, subtilement accompagné d'éléments surnaturels, se déploie, l'ampleur de la manipulation apparaît dans toute sa terrible beauté... du Diable pourrait on dire.
La chute narrative est fort heureusement une tragédie, ce qui rend ce film plus puissant encore. En plus de 20 ans, il n'a rien perdu de sa force évocatrice et c'est avec un délicieux frisson que j'ai savouré ces révélations finales dont j'avais oublié la teneur. J'avais juste conservé en mémoire cette odeur de souffre tenace et inquiétante, une vague écho des Enfers...

Apostille
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le 24 juil. 2021

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