Ce que j'apprécie particulièrement avec Fulci, c'est sa volonté de ne pas vouloir nécessairement faire transparaître un pseudo message social dans ses films, au contraire des films de Romero où celui-ci ne peux pas s'empêcher de faire des films pour dénoncer (enfin, c'est ce que les fans pensent du moins).
Ce qui lui importe, c'est d'aspirer le spectateur dans un récit dérangeant, parfois sans queue ni tête, afin d'éveiller en lui des frissons, un malaise, la peur puis au final, le désespoir (la fin illustre parfaitement cette suite presque logique). Le scénario n'est qu'un prétexte du fait que Fulci ne tente pas spécialement d'expliquer les tenants et aboutissants de l'histoire. En gros, un peintre emmuré vivant pour avoir ouvert un portail vers le monde des morts, qui, des siècles plus tard, se réveille et fait un carnage, cela suffit amplement. D'ailleurs, il joue énormément avec les poncifs du genre (maison abandonnée qu'un ménage tente de retaper, l'aveugle qu'on écoute pas malgré ses mises en garde, incrédulité désarmante des protagonistes, etc.) pour créer un minimum de cohérence, renforçant cette sensation de je-m'en-foutisme narratif.
Son habileté est avant tout palpable dans la construction d'une ambiance oppressante. Alors qu'au début du film, il fait plein soleil et les décors sont plutôt propres, au fur et à mesure de l'avancement du récit, tous deviens plus sales, plus morbides, sinistres. Certains effets gores sont assez marquants comme le montre l'exemple de la scène dans la morgue du fait que la caméra reste comme captivée par l'écoulement de l'acide sulfurique sur le crâne de la pauvre victime. La bande son n'est pas non plus en reste car celle-ci développe une ambiance pesante et mystique. Enfin, bien que les films de Fulci soient en général bien gores, celui-ci distille plutôt une certaine retenue, il n'y a pas des masses de morts ou de scènes atroces. La part belle est donnée à l'ambiance et ce n'est pas plus mal.
L'Au-delà offre donc un spectacle cauchemardesque et dépressif à l'image du fameux tableau du film. Fulci ne fait aucune concession envers ses protagonistes, les abandonnant à un sort funeste et sans espoir. Un très beau film.
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