Peu de films me rendent aussi nostalgique que celui-là. C'est peut-être le cinquième ou sixième visionnage, pourtant je redécouvre le film à chaque fois, avec l'impression que l'essence de ma génération a été mise sous flacon. Le rouvrir, c'est faire remonter une flopée de souvenirs, d'autant plus pour tous ceux qui ont eu la chance de profiter d'Erasmus. Comme les grands films, L'Auberge Espagnole réussit autant dans sa dimension individuelle (les questionnements sur l'identité, les choix, la vie, l'amour) que dans sa peinture de l'époque, dans une Europe aussi foutraque que ses habitants, mais dans lequel le vivre-ensemble est une nécessité et une réalité, loin de la gérontocratie communautaire qui a perdu de vue l'essentiel.
Avec ses colocs plus vrais que nature, son style iconoclaste, son écriture comique fine et spontanée, son montage revigorant, sa bande-son entraînante et son polyglottisme, c'est juste un bonheur total qui n'a pas pris la moindre ride.