Réalisé par Romain Cogitore, L'Autre Continent est un film intelligent. D'abord parce qu'il parvient à échapper aux clichés du mélo malgré la profondeur du sujet : un homme apprend qu'il a une maladie incurable qui va atteindre son cerveau. Le film est bien rythmé et l'on ne perd pas de temps pour arriver au point de bascule. C'est ensuite la relation entre les deux protagonistes qui est finement travaillée. Deux individus épris de liberté vont se retrouver liés et vont apprendre à mettre de côté leurs passions au profit de leur couple; l'écriture pour elle, l'apprentissage des langues pour lui. Les personnages sont extrêmement bien construits et interprétés. La notion de sacrifice s'inscrit en creux. Maria renonce à sa liberté par amour, elle tente de surmonter la dégradation progressive qui s'installe dans son couple. Le récit interroge notre aptitude à rester fidèle à nos idéaux quand on est en couple. C'est un film sur le renoncement.
Le parti pris esthétique est également très intéressant : sont utilisés, entre autres, le flou gaussien et de superbes plans aériens dessinent une carte de l'humanité. L'Autre Continent est un film sur le temps et l'espace. Deux continents s'opposent qui sont chacun liés à un personnage : le Canada pour Olivier et l'Asie pour Maria. Le récit s'appuie sur un pan de la vie de la femme du réalisateur. Enfin, certains plans flirtent avec l'expérimentation pour montrer les cellules qui se dégradent ou se régénèrent. Cogitore élabore une carte mentale à travers ses choix de mise en scène en même temps qu'il se livre à une cartographie du couple.