Perçée dans l'écran!

Salut! J’ai vu! Comment parler d’un film aussi… allez je dis révolutionnaire… D’habitude les films d’auteur ne me semblent pas très… Sauf exception. Là c’est un film neuf, une exception et ça va loin, en fait c’est du cinema, de l’écriture, de la philosophie, de la photo, de l’actualité : tout en même temps. J’ai entendu le réalisateur dire “geste artistique majeur pour lui”, je comprends mieux maintenant. Le film m’a habité pendant plusieurs jours comme si j’avais vu la grotte de Lascaux, il y a quelque chose de primitif qui percute la complexité de la vie . Pas parce qu’il y avait une fiction mimétique glauque comme partout, ce n’est pas ce que vous découvrirez, mais parce que je me suis senti concerné comme si j’avais pu rentrer dans les profondeurs de quelqu’un qui créé et dans les extrêmes limites de ça, on se retrouve dans sa peau, dans sa parole aux portes de l’entendement, … Je ne sais pas comment dire, ce film m’a semblé familier, comme si j’assistais à une exploration difficile mais passionante que je connaissais.
Il y a plusieurs films dans L’autre Côté du Miroir, il y a deux en un, l’image et le son, jamais entendu une bande son pareille… difficile de décrire sa richesse jusqu’à saturation volontaire parfois, et puis des moments de silence, alors l’image tout aussi riche de contemplation au petit matin, comme de la peinture. Mais ce qui est certain c’est que je me rends compte qu’en géneral le son dans les films est bien pauvre comparé à ce que j’ai entendu là…
L’autre côté du miroir fait partie de ces films qui vous bouleversent certainement à vie!
C’est comme une poupée russe qu’on ouvre et que l’on pose devant soi à se demander si l’on n’est pas soi-même façonné de cette fiction là, et ça étourdi, nous fait dérailler, vasciller de nos croyances habituelles, histoire versus pas d’histoire. Il y a un fil d’ariane qui permet de comprendre et pourtant il y a des virages et des monologues profonds sans que je n’en sache rien dire, des moment de toute beauté!
Alors oui c’est un film renversant, comme des sables mouvants parfois… J’ai été étonné, surpris, faché, perdu, fasciné par la profondeur intimiste à une grande globalité de la condition humaine plus globalement sur cette planète, et puis des moments vraiment drôles…!!! Alors on se dit “quoi?! Comment c’est possible de rassembler tout cela ensemble!!...”
Le réalisateur Aurélien Réal a fait un tour de force sensible en nous donnant sa propre experience se servant de lui-même et se mêlant à l’écrivain pour nous faire plonger dans une immersion bien puissante. Je ne sais pas comment on peut ouvrir ce genre de sujet sans tomber dans la caricature ou faire pompeux, là tous les acteurs sont sacrément justes et en français et en arabe, la façon de filmer inhabituelle très belle. Je vais certainement le revoir, c’est comme un opéra sans les murs qu’il faut réécouter pour découvrir toutes les nuances. Il y a une grande place à la nature aussi et aux chevaux, comme si être en vie ou en survie était le centre du film.
Et puis il y a également une scène sexuelle assez stupéfiante (le film est interdit aux -16ans) : alors oui elle est intense, mais c’est certainement la première fois que je vois le sexe montré comme ça, j’ai pensé à l’univers d’El Greco par les couleurs et les formes, je me suis dit que c’est comme ça que nous vivons tous dans nos vies et c’est ce qui nous fait tant triper (il me semble!). Et bien là pour une fois ça sonne vrai et ça m’a fait pleurer.
C’est un huit clos universel qui m’a ouvert parce qu’il tire vers le haut!
Alors j’ai simplement envie de remercier le réalisateur et son équipe : simplement merci pour cette grande oeuvre, il va falloir compter sur elle désormais!