Ce qui frappe au visionnage d’Innerspace, c’est la richesse d’une œuvre qui n’a de cesse de reconduire son postulat de base sous la forme de variations tout à la fois jubilatoires et pertinentes, offrant à terme un divertissement total pour tous les publics. On retrouve ici l’approche très cartoonesque de Joe Dante, explicitée par la présence de la peluche Bugs Bunny qui encadre le récit et semble même donner son nom à l’expérience : les personnages sont baladés d’un corps à l’autre, de l’extérieur à l’intérieur, rapetissent et se déguisent à l’infini. Tout se passe comme si la voix de Pendleton, en conviant son hôte (Putter) à quitter la monotonie de son existence en devant héros malgré lui d’un film d’action, le raccordait à cette ivresse d’une enfance éternelle pendant laquelle on aime se bagarrer, jouer avec des machines improbables, sortir tout nu dans la rue, flirter.


Pourtant, ce récit d’apprentissage – mieux, de désapprentissage – se double d’un autre, initiatique, au cours duquel le militaire et grand enfant prend conscience des responsabilités qui pèsent désormais sur lui ; aussi l’une des plus belles scènes du long métrage est-elle la découverte de l’embryon dans le corps de Lydia, miroir tendu à une paternité en train de se construire. C’est dire que la rencontre des deux hommes permet un échange, un transfert de caractère : tout en communiant dans le ludique le plus déjanté, ils adaptent leurs comportements, affrontent leurs démons. Le jeu établi par Joe Dante et son équipe n’est donc pas autotélique, il donne à celui ou celle qui y joue l’occasion, par la fiction, de s’enrichir et de se confronter intérieurement à l’altérité dans ce qu’elle a de plus bénéfique, une ouverture à soi et aux autres essentielle pour vivre en société.


Portée par la partition de Jerry Goldsmith, voilà une aventure des plus revigorantes dont le savoir-faire paraît aujourd’hui disparu, sinon sur le point de s’éteindre.

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le 28 déc. 2020

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