ça fait longtemps que le DVD traînait dans l'étagères des trucs "à voir, et vite". L'échelle de Jacob a une fourre effrayante ; des images-cadres moches et sombres à son dos, et un synopsis flippant. Je ne compte pas les gens qui me disaient "quelle horreur ce machin mon dieu mon dieu mon dieu". En plus, dans Crossed, on vendait le produit dans ce style.

Le film commence avec une scène de boucherie-Viêt-Nam, certes bien foutue, mais qui détonne un peu autant dans l'ambiance que dans l'esthétique du film. S'en suit lq scène du métro. Et là, c'est classe.
Vraiment classe.
Le film aurait pu durer dans ce décor du début à la fin, j'aurai été content. Tout fonctionne.

A aucun moment du film on retrouvera ça.

La faute peut-être hélas à Tim Robbins. J'aime pourtant bien cet acteur ; il m'est sympathique, et il maintient son rôle - pas forcément facile - avec aisance. Mais c'est incroyable comme sa tête de victime au regard de pluie et à la coupe d'étudiant en lettres ne colle pas ! C'est écrit sur son front qu'il va s'en prendre plein la gueule sans comprendre... Et pourtant, l'effet est raté. Sa bouille marcherait beaucoup mieux dans un univers humoristique (à la serious man des Coen que j'ai revu la semaine passée ; peut-être pour ça que je ne parviens pas à les détacher l'un de l'autre). Dans un univers froid et sombre, un héros du même ordre aurait engendré quelque chose de plus sombre (j'ai regardé blade runner y'a pas longtemps aussi).

De toute façon, l'angoisse du film reste assez superficielle. L'esthétique que le film vend est finalement très surestimée puisqu'il s'appuie sur quelques rares passages qui fonctionnent. Ce sont les seules parties qui ne vieillissent pas sur pellicule. Les choix de la réal ne s'expliquent d'ailleurs pas toujours, typiquement le délire tentaculaire en cours de film, qui en plus d'être inutile, est réalisé tourné-monté n'importe comment (J'espère que le mec qui a proposé d'utiliser un stroboscope s'est fait virer. C'était déjà moche dans Alien, ça s'améliorera pas ici).

Suite à ce plaisir malsain Lovecraftien, le réal semble être conscient de sa bêtise puisqu'il nous offre la scène de bain assez juste... Tim Robbins pour est amoché et enfin cohérent à l'univers du film. Malheureusement, on repart vite sur de l'inutile.

En fait, c'est à peu près dans ces environs que j'ai réalisé le problème de l'échelle de Jacob. Le scénario du scénariste et la réalisation du réalisateur ne parviennent pas à se rejoindre. Il aurait fallu bien plus condenser le scénario pour avoir le temps de se perdre dans une sombre ambiance esthétique, où à l'inverse, il aurait fallu perdre les délires de la réal (comme le tentacule bordel !) pour profiter d'un développement scénaristique bien soufflé. Un exemple simple serait les 20 minutes où les anciens du Vietnam discutent entre eux, partent chercher un avocat pour attaquer l'armée, etc. 20 minutes inutiles niveau ambiance ; puisqu'on sort complètement de l'angoisse. Mais 20 minutes utiles pour le scénario, qui pourtant se termine n'importe comment après l'initiative.

L'échelle de Jacob m'a déçu. Le film est très inégal ; avec des réussites splendides (la scène du métro !) ou des ratages ridicules (la scène-twist de la révélation du hippie-intellect dans la rue). Et le fait que la pellicule ait maintenant plus de 20 ans ne fait qu'accentuer cela en bonifiant ses passages flippants et en réduisant au désintérêt total le reste. L'échelle de Jacob dépend aussi beaucoup des conditions de visionnage ; donc ceux qui souhaitent découvrir tout ça, je leur conseille vivement d'y faire gaffe, sinon il restera pas grand chose...
LeCactus
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le 1 nov. 2013

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