Visuellement, le film ne résiste pas au poids des années et possède la marque indélébile des années 80 : dans l'accoutrement des personnages, la manière de filmer, et les inévitables musiques kitschounettes, au-dessus de la moyenne des films de l'époque, certes.

La mise en scène est en alternance hétérogène, éclatée et haletante pendant les hallucinations bien fignolées, ou classique et pour ainsi dire pauvre en effets le reste du temps.

Dérangeant, L'échelle installe un certain inconfort pendant la vision, à naviguer entre des mondes « parallèles » où Jacob évolue sans discontinuer. Ensuite arrive le malaise, une fois la vin vite arrivée. En définitive, quel est le vrai du faux ? Encore une fois, la problématique duelle entre fiction et « réalité » reste fondamentalement la même que dans 90% des films traitant de la folie. Seulement, insérer le conflit du Vietnam dans le schmilblick rehausse sensiblement le schéma habituel pour le caser docilement entre Platoon et Voyage au bout de l'Enfer.

A ce titre, le film d'Adrian Lyne fait très fort. Mêlant plusieurs genres en un seul film, il donne l'impression de vouloir réaliser la formule tout-en-un. Thriller, horreur, drame... Voilà autant de genres qui se décantent difficilement dans le précipité et qui donnent à coup sûr la désagréable impression que le réalisateur veut trop en faire, trop en dire, quitte à s'éparpiller dans le fourmillement d'idées sans pouvoir développer en détails ce qui aurait mérité d'être appuyé. Malgré ça, qu'on ne s'y trompe pas : L'échelle de Jacob n'est pas un film publicitaire, loin s'en faut.

D'ailleurs, c'est cette même envie d'en donner un maximum au spectateur qui fait du film un excellent divertissement qui sait tenir en haleine jusqu'au twist final pour le moins déconcertant. A moins que j'aie été assez crédule pour m'être laissé prendre au jeu, l'élément de résolution sauve, selon moi, grandement le film du naufrage dans l'oubli. Sans plus m'aventurer dans le spoil de tout poil, je dirai qu'on y trouve un peu des prémices d'Inception, pour le meilleur et pour le rire...

... D'une propension à tourner en dérision les intellectuels bardés de diplômes, par exemple, pour le caractère involontairement cocasse de certains dialogues ou situations improbables, ou encore tout simplement pour la VF encore une fois calamiteuse.
Pas de quoi bouder mon plaisir pour autant, j'ai été satisfait d'assister à ce qu'on désigne comme une grosse influence des développeurs de Silent Hill 2.
Adrast
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes A la folie et Le métro, c'est trop

Créée

le 26 avr. 2011

Critique lue 408 fois

2 j'aime

Adrast

Écrit par

Critique lue 408 fois

2

D'autres avis sur L'Échelle de Jacob

L'Échelle de Jacob
Torpenn
3

Péché de Genèse

Fidèle à leur passion pour le Vietnam et les traces indélébiles qu’il a pu laisser dans le crâne des vétérans, Mario Kassar et Andrew Wajna en remettent une couche huit ans après Rambo et ont la très...

le 17 juin 2013

63 j'aime

14

L'Échelle de Jacob
guyness
8

Starway to Heaven

Quand on est un poil fan de cinoche, on s'attache aux carrières des réalisateurs. Souvent, ça ne trompe pas: c'est soit plutôt très bon (bon, on admet les erreurs de parcours hein ?) soit...

le 13 avr. 2011

57 j'aime

20

L'Échelle de Jacob
Pipomantis
8

MIEUX QUE LE FILM SILENT HILL OLOLOL.

Et pourtant je l'aime beaucoup le film Silent Hill. Mais bon, il n'arrive juste PAS à la cheville de Jacob's ladder, film ayant influencé la saga vidéoludique de telle manière que c'est...

le 25 juil. 2010

47 j'aime

7

Du même critique

Comprendre l'empire
Adrast
6

Comprendre 1/10ème de l'empire

Avec un titre aussi prétentieux, accolé au sulfureux nom d'Alain Soral, il est facile de frémir, de se dire "merde, lire un truc de facho c'est déjà être un peu facho". Et puis on se dit que ce...

le 17 mai 2013

24 j'aime

5

Persepolis
Adrast
4

Court d'Histoire, long de clichés.

Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire,...

le 27 mars 2011

24 j'aime

13

Samurai Champloo
Adrast
5

Douche froide.

D'emblée, Samurai Champloo se laisse regarder en se disant qu'on voit un énième manga détroussé de son scénario, foutu aux oubliettes avec son cousin l'originalité. L'absence d'intrigue est ce qui...

le 23 févr. 2011

21 j'aime

9