Critique de L'Embarras du choix par Tontonch
Ça m'a fait rire, ça m'a fait du bien... ça me suffit ! Et les yeux de l'écossais...
Par
le 31 mars 2017
4 j'aime
On peut dire qu’Eric Lavaine a bien bossé le sujet du choix et de l’impossibilité pour certaines personnes de prendre des décisions ! La façon dont des milliers de choix s’offrent chaque jour à un individu, sous couvert de liberté, est très anxiogène car à chaque fois, il prend le risque de se tromper. Lui-même a pris sa décision de réaliser le film sur un coup de tête à la lecture du scénario que lui ont apporté Laurent Turner (scénariste de L’Outsider ou Radin!) et sa compagne Laure Hennequart. Il n’est certes pas le premier à réfléchir à la question- des philosophes comme Sartre ou Bergson s’y sont notamment penchés – mais son approche sous l’angle de la comédie, qui pousse la démonstration et même le bouchon assez loin, est assez originale. Alors faut-il aller voir L’EMBARRAS DU CHOIX… ou pas?
Juliette (Alexandra Lamy, déjà vue dans Retour chez ma mère, le précédent film du réalisateur) est une indécise chronique, malgré ses quarante ans. Incapable de choisir, elle s’en remet systématiquement, et souvent de façon infantilisée, à l’avis de son père Richard (Lionel Astier) ou de celui de ses amies Joëlle(Anne Marivin) et Sonia (Sabrina Ouazani, Ouvert la nuit). Ce défaut héréditaire est bien montré dans les premières images du film, qui rappelle celles du jubilatoire Tanguy. Et c’est même un peu dommage de ne pas voir développée cette partie de l’histoire, source potentielle d’humour.
Il y a de fortes chances que le spectateur se reconnaisse dans au moins une situation du film et même que cela le fasse rire. On pense ainsi à certains dialogues percutants ou à tous les moments croquignolesques du film dans lesquels apparaît Philippe, homme oisif et improbable dresseur de chat. Le comédien qui l’interprète, Jérôme Commandeur, est quasiment de tous les films du réalisateur, avec un bonheur différent, puisqu’il joue souvent un personnage qui ne paye pas de mine, à la limite du benêt. Mais il est toujours celui qui soutient les autres personnages, dans le cas présent son épouse Joëlle, et ramène l’harmonie grâce à ses remarques souvent justes et pas si bêtes. Eric Lavaine dit d’ailleurs qu’il est « son porte-bonheur, avec la douceur et la force comique d’un Jacques Villeret, mais en beau».
Seulement, tout n’est pas drôle dans L’EMBARRAS DU CHOIX, dont la mise en scène assez poussive, qui utilise des ressorts comiques classiques et éculés. Comme le malentendu de la rencontre, les réponses à deux conversations parallèles ou les faux amis en anglais – Paul, l’un des deux prétendants qui est écossais et ne parle pas très bien français. Le film se retrouve souvent dans la caricature, avec une interprétation volontairement surjouée par l’actrice principale. Le trait est poussé à l’extrême et le drame ne peut s’empêcher de pointer son nez – notamment après la scène de l’essayage de la robe de mariée. Mais le réalisateur, fidèle à lui-même, s’en tire avec des pirouettes et pratique la stratégie d’évitement. Il n’y a pas de heurts, pas de cris, puisqu’on est dans la comédie.
A noter enfin, que mis à part Philippe, seul oisif assumé, tous les personnages travaillent et certains ont les pieds bien ancrés dans la société actuelle. Avec Sonia, blogueuse de mode qui utilise à outrance l’application de rencontres Tinder, on soupçonnerait presque le réalisateur d’avoir une volonté didactique auprès de son public âgé, puisque la même Alexandra Lamy dans Retour chez ma mère expliquait à sa mère, interprétée par Josiane Balasko, comment créer une adresse mail. Ainsi le film a le mérite de faire réfléchir, malgré sa légèreté, à l’importance de la prise de décisions par soi-même, au fait de devenir responsable et adulte, maître de ses choix et de sa vie. Donc, pour répondre à la question initiale, oui, on peut aller voir L’EMBARRAS DU CHOIX et même passer un bon moment !
Créée
le 31 mars 2017
Critique lue 708 fois
D'autres avis sur L'Embarras du choix
Ça m'a fait rire, ça m'a fait du bien... ça me suffit ! Et les yeux de l'écossais...
Par
le 31 mars 2017
4 j'aime
Je n'ai pas une grande affection pour les comédies françaises en règle générale. Je les préfère à la télévision plutôt qu'au cinéma mais sur ce coup, je n'ai pas choisi le film que j'allais voir. Le...
Par
le 28 mars 2017
3 j'aime
Je ne suis pas un grand adepte des comédies françaises aussi ma critique est à prendre en tenant compte de ce paramètre. J'ai trouvé ça sympathique, mais pas génialissime. Je n'ai pas franchement...
Par
le 28 mars 2017
2 j'aime
Du même critique
Question : quels sont les points communs entre Cube, Saw, Devil, Frozen et Exam ? Ce sont tous des films à petit budget, dont le titre tient en un seul mot, et qui tournent autour du même concept :...
le 21 oct. 2010
43 j'aime
4
En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...
le 16 déc. 2015
41 j'aime
Réalisé en 1951 d’après une pièce de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même monté à Broadway en 1947, Un Tramway Nommé Désir s’est rapidement élevé au rang de mythe cinématographique. Du texte...
le 22 nov. 2012
36 j'aime
4