Après avoir su s'imposer dans le grand écran en signant les scénarios d'Appellez-moi Mathilde et Le grand blond avec une chaussure noire, Francis Veber continue son travail d'écriture avec L'Emmerdeur, qui s'appui sur le script de sa propre pièce de théâtre Le Contrat. Pour l'occasion, le scénariste entame sa première collaboration avec le réalisateur Edouard Molinaro, qui se prolongera par la suite avec Le téléphone rose (1975) et les Cage aux folles (1978 et 1980). Mais L'Emmerdeur marque surtout la naissance au cinéma d'un personnage qui deviendra incontournable dans la filmographie de Francis Veber, ainsi que dans la comédie française en général. Il s'agit bien sûr de François Pignon qui, bien qu'apparaissant à chaque fois sous différents traits, personnalités ou métiers, se caractérise comme étant un homme de la foule, gentil mais candide et exaspérant, propulsé dans des situations qui le dépassent et dont il est presque inconscient. C'est donc Jacques Brel qui, pour son dernier rôle au cinéma, va interprété le tout premier Pignon sur grand écran, ici emmerdeur de première au tendance suicidaire suite à un chagrin d'amour. Tour à tour pathétique, éreintant, dépressif, bienveillant et définitivement emmerdant, l'acteur-chanteur remplit son cahier des charges haut la main sans jamais tirer trop fort la corde de la caricature. Il donne la réplique à un Lino Ventura mémorable en tueur professionnel froid et hyper-concentré, qui parvient d'un regard à déclencher des éclats de rire. Si la première partie du long-métrage emprunte les codes du polar, la comédie rattrape finalement le tout en amenant son spectateur dans un comique de situation savoureux. Pourtant hyper antipathique dans un premier temps, on finit par se prendre de compassion pour le tueur à gage, qui subit les maladresses, les plaintes et le nombrilisme de Pignon, qui impose sans gêne ses problèmes au reste du monde. Alors qu'on espère vivement ne jamais croiser la route d'un tel individu, on se délecte et on rit des situations dans lesquelles sont entraînés ces deux hommes que rien, hormis un malheureux hasard, ne semblait destiner à réunir. Une jolie réussite donc, qui connaîtra en 2008 un remake réalisé par Francis Veber lui-même qui, malgré la patte forcément plus marqué du cinéaste dans ce dernier, reste en dessous de la version d'Edouard Molinaro.
JulieTournier
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le 9 avr. 2013

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Julie Splack

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