Comme je l'ai dit dans ma critique précédente, avec Star Wars, George Lucas a changé l'histoire du cinéma : par son étonnant déroulé en lettres jaunes ponctué par le main theme de John Williams, par ses Fx époustouflants pour l'époque (dont certains seront redécouverts en 1997 lors de la reprise des films), par son intrigue dense qui emprunte à de nombreuses références, et par ses héros charismatiques, Luke le rebelle idéaliste et pur, Han Solo le mercenaire cynique, Dark Vador l'âme noire toute puissante et mystérieuse, Léia la princesse de caractère... Il fallait donc donner une suite à cette aventure qui ne pouvait en rester là, et de toute façon, c'était forcément prévu, Lucas ayant dès le départ imaginé une trilogie. Aidé par Lawrence Kasdan, Lucas concocte un récit touffu mêlant le space opera le plus spectaculaire à la tragédie grecque, confie la réalisation à un vieux routier chevronné, et fait confiance aux plus grands techniciens qui multiplient les Fx, sans omettre ni l'émotion ni l'humour.
Il est admis que cet épisode V est considéré comme le meilleur film de toute la saga, et ce pour de multiples raisons : le scénario est plus étoffé, Kasdan et Lucas séparent nos héros après la formidable séquence sur Hoth la planète des glaces, l'un va sur Dagobah pour parfaire son apprentissage de Jedi, les autres se retrouvent sur Bespin la cité des nuages, pour tomber dans un piège. C'est un résumé succinct de l'histoire, mais les scènes centrales sont celles des épreuves que devra subir Luke auprès de maître Yoda, un nouveau personnage important joué par une petite marionnette animée par Frank Oz du Muppet Show, et qui se révèle bien plus attachante que son image numérique que l'on retrouvera dans la prélogie.
Le fait que les personnages soient plus adultes joue aussi en faveur d'une profondeur, Luke fait moins gamin, et les autres ont mûri, tout comme Vador est devenu un méchant mieux posé, l'empereur ne faisant ici qu'une courte apparition en hologramme.
Parmi les autres qualités qui font la force de cet épisode V : l'histoire prend une tournure plus psychanalytique avec son habile construction en parallèle sur les héros séparés, c'est l'heure des révélations sur la famille Skywalker, avec le "Je SUIS ton père" lancé par Vador à un Luke incrédule, à l'issue d'un premier affrontement marquant. Le personnage de Vador prend ici une importance capitale, il trouve enfin sa vraie dimension de méchant, rythmé par le thème "Imperial March" de John Williams. Le film a d'ailleurs la BO la plus élaborée et la plus dense de toute la saga, Williams se déchaîne dans la richesse de ses thèmes, que ce soit "Battle in the snow" ou "Asteroid field", ou encore "Han Solo and princess Leia" en forme de superbe love theme. Que dire encore ? que c'est justement le début de la romance entre Solo et Léia, que l'action ne faiblit jamais, la grande scène de la bataille de Hoth avec les chars d'assaut animés en stop-motion par Phil Tippett, étant une des meilleures scènes du film, sans oublier celle du champ d'astéroïdes, que les décors de Bespin, de Dagobah ou de Hoth sont bien mieux conçus grâce à un plus gros budget, et que certaines répliques sont cultes, celle de Vador, mais aussi le "Je t'aime" de Léia à Solo qui répond "Je sais", comme quoi c'est pas les répliques les plus recherchées qui font mouche mais les plus simples qui sont dites dans une action dramatique.
A l'arrivée, c'est le spectacle total magnifié par une musique triomphante et des scènes anthologiques. J'ai juste relevé une petite erreur que je livre pour faire le chieur de service : sur Hoth, quand Luke est perdu dans la neige, l'apparition d'Obi Wan lui dit d'aller sur Dagobah voir Yoda qui lui a tout appris ; là le père Lucas n'a pas modifié cette scène c'est plutôt étonnant, car on sait que Obi Wan fut le padawan de Qui-Gon Jinn et non de Yoda. Je crois bien que c'est le seul petit couac dans ce chef-d'oeuvre galactique où Lucas a fait basculer sa saga dans une dimension mythologique, c'est assurément une pièce maîtresse dans l'histoire de la science-fiction à l'écran. Et moi je le revois toujours avec un immense plaisir même si j'en connais tous les rouages.

Ugly

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