Quatre ans après La Fille du lac, Andrea Molaioli revient à la réalisation avec L'empire des Rastelli, film rondement mené, qui s'inspire du krach Parmalat, une société agro-alimentaire dont les hauts dirigeants ont recouru à des malversations financières et flouer actionnaires et investisseurs, en 2003.

Autrefois petite charcuterie familiale, LEDA, reconvertie, à présent, dans le lait et ses dérivés alimentaires, est devenue un fleuron de l'économie italienne, s'exportant dans les cinq continents, ce qui ne rend pas peu fier la famille dirigeante, les Rastelli. Mais les lois du marché mondial sont rudes, et tous les moyens sont bons pour rester dans la course.

Le cinéaste n'accable pas ses protagonistes des méfaits qu'ils ont commis et des désastreuses conséquences engendrées. Non, il montre simplement de pauvres managers de province dépassés par les évènements, tentant d'atteindre un sommet définitivement trop haut. C'est une Italie immuable qui nous est proposée, incapable de s'intégrer dans ce capitalisme forcené. Les manœuvres pour extirper une entreprise de la faillite, courantes il y a trente ans, paraissent aujourd'hui bien désuètes. Le film joue alors sur cet antagonisme modernité/ archaïsme et nous sert, à petites doses, un humour pince-sans-rire sur l'incompréhension des personnages face ce monde en perpétuel mouvement.

Véritable force de ce long-métrage, l'interprétation remarquable des acteurs. De Remo Girone en patron et chef de tribu, voyant s'écrouler son empire, à Lino Guanciale en directeur des ventes hanté par un dilemme cornélien, en passant par Sarah Felberbaum en nièce carriériste. Mais le plus impressionnant est, comme à son habitude, Toni Servillo, qui incarne un chef comptable austère et aigri. De la vieille école, il sonne la secrétaire pour « tirer un petit coup », refuse de travailler d'égal à égal avec une femme, et voue une passion dévorante pour LEDA plus que pour son amante, jusqu'à se sacrifier pour elle, sans en tirer le moindre profit.

Bien sûr, L'Empire des Rastelli n'est pas exempt de défauts, quelques longueurs subsistent, la mise en scène n'est pas d'une inventivité folle, et la relation Ernesto (Toni Servillo)/ Laura (Sarah Felberbaum) est aussi caricaturale que prévisible. Mais qu'importe, puisqu'il remplit assez bien son cahier des charges.
claudie_faucand
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le 21 déc. 2011

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