L'Enfance d'Ivan par batman1985
Premier film du metteur en scène soviétique Andreï Tarkovski et déjà la consécration internationale puisque le metteur en scène repartira avec le Lion d'Or de la Mostra de Venise.
L'enfance d'Ivan, c'est l'entrée en matière d'un cinéaste et, déjà, on sent vers quel type de cinéma le réalisateur se destine.
Tarkovski aborde d'emblée des thèmes qui lui seront chers par la suite dans son cinéma: un certain onirisme dans les images ou encore une vision de la réalité qui n'est pas totalement réaliste puisqu'elle se mêle à une vision nettement plus surréaliste. Ainsi, la guerre n'est jamais montrée crûment. Peu d'images du conflit lui-même nous sont montrés. Et souvent à travers les yeux d'Ivan. Magnifiques et émouvants moments aussi d'un jeune garçon qui se souvient du massacre de ses proches. La réalité se mêle très souvent au rêve chez lui. Le metteur en scène travaille déjà ces instants entre réel et irréel qui feront de lui un maître, parfois contesté, mais qui a sans aucun doute marqué de son empreinte le cinéma.
L'enfance d'Ivan mêle également des moments entre la vie d'un jeune garçon à celle de la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. L'indivualité se mélange au collectif. Le plus grand malheur du vingtième siècle à travers les yeux d'un petit garçon. Sans conteste un film évoquant aussi la perte de l'innocence de l'enfance face aux atrocités que l'homme est capable de commettre. Il est également troublant de constater que le héros du film est du même âge ou presque de celui d'Andreï Tarkovski lors de la guerre. Le metteur en scène doit certainement y faire une certaine projection même s'il ne connaîtra pas personnellement les mêmes malheurs qu'Ivan, il a cerainement dû les connaître lors de cette période bien trouble...
Du côté de la mise en scène, Tarkovski flirte déjà avec les sommets. Certains plans sont déjà d'une poésie rare, d'une saveur que seul le metteur en scène soviétique parvient à réaliser. Visuellement parlant, ce n'est pas parfait, mais c'est déjà très joli. Il suffit pour cela de voir ce plan sublime de l'avion écrasé ou encore de cette croix filmée avec le soleil en arrière-plan. Il sait déjà y faire le bougre... La musique accompagne bien le tout aussi, même si on sent qu'il ne s'agit pas d'Eduard Artemiev, musicien attitré de notre ami.
En bref, L'enfance d'Ivan marque des débuts très réussis pour Tarkovski. Il obtient directement une reconnaissance internationale. Elle est méritée. Cependant, on notera qu'il manque un petit quelque chose pour faire de ce film un chef-d'oeuvre. Peu importe, ils arriveront très rapidement...