Dans les premiers instants du film, j'ai vite craint un exposé scientifique récité et très didactique. Mais doucement, à travers des petits gestes, des mouvements, des détails, j'ai vu le film se remplir, comme moi, d'une émotion étrange et douce, pudique au fond, qui ne m'a pas quitté de longues heures après la vision. Finalement, je trouve ça pas moins personnel et autobiographique, voire peut-être même plus, que les 400 coups. Peut-être est-ce dû à la présence de Truffaut à l'écran, qui donne à ce film simple une complexité qui échappe à la caméra : lorsque Truffaut/Itard s'avance vers le miroir et regarde Victor, prostré devant, je ne vois rien d'autres que Truffaut lui-même qui se voit en l'enfant, incompris, délaissé, et cela m'émeut - beaucoup. A noter qu'il y a un effet de mise en scène absolument génial dans le film, je ne sais pas s'il en est l'inventeur ou si d'autres films avant lui l'ont utilisé : c'est ce fondu au noir qui revient plusieurs fois, qui soustrait toute l'image dans la forme d'un cercle, mais qui avant de se refermer totalement, reste quelques secondes sur le visage de l'enfant, quittant donc le champs et restant comme la seule partie de l'écran à être vue. C'est magnifique.
B-Lyndon
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le 15 févr. 2014

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B-Lyndon

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