C'est immense.
Immense, immense, trois fois immense.
C'est le cinéma du secret, d'un mystère, d'un chuchotement, d'un envoutement. C'est le cinéma du visage d'un enfant qui écoute. Le bruit, la nature, le train qui arrive, le vent...
Il y a une lumière étrange dans le film, qu'elle soit fruit du petit matin ou du soleil qui se couche, qui trace des lignes qui se fondent et filent dans la nuit. C'est un film sur la nuit, sur la poésie de la nuit, sur le repère qu'est la nuit pour les enfants dépressifs.
Et puis il y a cette petite fille, Anna, le visage triste et froid, les grands yeux noirs, la démarche sure, les traits durs.
Et puis il y a cette scène, contrechamps d'un autre film, où le visage de la petite dans l'eau devient celui du monstre. Où depuis le bois et la nuit s'immisce un esprit, un visage modulable, qui s'en vient cueillir les rêves perdus d'une poupée trop triste.
Les scènes n'y sont pas des scènes, simplement des esquisses de quelque chose, aussi vites apparues qu'elles sont disparues, comme des spectres, des choses qui s'effleurent et meurent comme un brasier. Fondus au noir, fondus enchaînés. Quelques secondes tout au plus d'un plan qui a le temps de s'installer et de rester en mémoire.
Il faut que je laisse le film vieillir maintenant, que je le laisse creuser sa place, et j'y reviendrais enfin, car il y a matière à y revenir.
A cet instant précis, j'y sens une claque douce, une baffe tranquille, une rêverie qui s'installe et ne me lâchera plus.
Et voilà, ce sera tout.

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le 20 déc. 2013

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B-Lyndon

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