Sans doute l'un des plus beaux films de Beat Takeshi alias Takeshi Kitano. L'été de Kikujiro reste une superbe ode à l'enfance, drôle et terrible tout à la fois. Fortement éloignée des accès de violence de ses films antérieurs ( Violent Cop, Sonatine, Hana-Bi... ) et du maniérisme du futur Dolls cette fable demeure pourtant tout à fait représentative du cinéma de Kitano : sympathie du personnage de Kikujiro joué par Beat Takeshi en personne, mise en scène horizontale brillante d'inventivité ou encore goût prononcé pour le comique burlesque...
A partir d'un sujet profondément douloureux ( le film n'est rien de moins que le récit d'un jeune garçon esseulé en plein coeur de l'été, désireux de retrouver sa mère qu'il n'a jamais vu ) Kitano transforme son métrage en véritable récréation pour enfants ( plus ou moins ) sages, parsemant ce joli parcours de personnages attachants et bienveillants : un romancier gentil, deux motards épris de camaraderie, un jeune couple de jongleurs... Même le personnage de Kikujiro, voyou et bon à rien pas forcément recommandable, reste réellement touchant voire émouvant dès lors qu'il se rallie au petit garçon. Il y a du Chaplin et du Kiarostami dans cette fresque amère mais douce dans le même temps, une poésie capable d'atteindre l'universel et la reconnaissance pour chaque spectateur...
L'enjeu de départ, fort mais pratiquement tragique, s'avère rapidement étayé par l'humour des personnages et des situations. La dernière demi-heure reste un morceau de bravoure potentiel, en grande partie réalisée sous le signe du slapstick. Quant à la musique de Joe Hisaishi, à laquelle Kitano accorde une grande importance sur la durée du métrage, elle porte énormément la beauté intrinsèque aux images. L'été de Kikujiro demeure pour ma part l'un de mes films préférés de l'acteur-réalisateur, d'une simple et évidente pureté. A voir et revoir !