Faut-il être jeune pour apprécier L'Etrange Noël de Monsieur Jack à sa juste valeur ?

Il m'aura fallu attendre d'avoir 23 ans pour franchir le pas et enfin découvrir L'Etrange Noël de Monsieur Jack, en dépit de toutes les recommandations qui m'ont été faites depuis bien des années. C'est sans réelles attentes mais avec la garantie que je n'allais pas être décu dans le coin de la tête que j'ai lancé le film. Résultat ?... Disons que sa réputation me semble surévaluée.

Première chose, je ne peux m'empêcher d'être estomaqué par la prouesse technique que représente le tournage d'un film en stop-motion. Se dire qu'il aura fallu 3 ans pour arriver au terme de la production impose le respect. Quand en plus, tout cela est marié avec une direction artistique de haut vol signé Tim Burton, la claque visuelle n'en est que plus importante. Le film est une grande tarte dans la gueule et imprègne notre imaginaire, difficile de faire mieux de ce point de vue.

En revanche, être bluffé par la technique est une chose, mais être diverti en est une autre. Je n'ai pas accroché à l'histoire une seule seconde. Je crains malheureusement que ce soit due au fait qu'il s'agisse d'une comédie musicale retracant un conte pour enfant, avec ce que ça implique de simplication, compacté en 1h15 !!! Je n'ai rien de particulier contre les comédies musicales, je pense notamment aux Demoiselles de Rochefort qui sont encore à mes yeux une référence du genre, mais je n'ai pas compris les tenants et les aboutissants de l'histoire. Concrêtement, elle peut se résumer à "Jack s'ennuie, il décide de faire autre chose mais à défaut de comprendre ce qu'il est censé faire, il rate tout et finit par comprendre qu'il doit continuer à faire ce qu'il sait faire de mieux". Le seul "Jack s'ennuie" me parait bien faible comme élément perturbateur. Je veux bien qu'il s'agisse d'un récit inspiré par les contes mais ça ne me semble pas avoir de sens profond comme peuvent en avoir ces derniers et surtout la morale est discutable, enfin si je l'ai bien compris, j'en doute tellement ça me parait gauche. A cela, ajoutons un seul autre réel personnage, Sally, qui n'a aucun impact sur le récit (retirez-la du film et vous verrez, rien ne change. Enfin si, le film devient encore plus court).

Néanmoins, je ne sais pas encore si mon point de vue de jeune adulte de 23 ans déjà bien rôdé à l'univers de Burton est très pertinent. J'ai beau essayé de me remettre dans le contexte de 1993 et imaginé la révolution que le film a pu représenté, je n'arrive toujours pas à éprouver une empathie particulière. J'envie en fin de compte ces enfants qui ne connaissent pas encore Burton et qui vont être émerveillé par ce nouvel univers où le morbide et l'émerveillement cohabitent dans un mariage qui pourrait sembler contre-nature au premier abord. J'ai surtout le sentiment d'avoir raté le coche en attendant d'avoir 23 ans pour voir le film, il m'a manqué un brin d'innocence et de découverte pour que la magie opère. Malgré tout, bon sang, quelle prouesse technique...