L'Étrange Pouvoir de Norman
6.7
L'Étrange Pouvoir de Norman

Long-métrage d'animation de Chris Butler et Sam Fell (2012)

C'est un fantôme, un zombie, une sorcière et un petit garçon qui entrent dans un bar...

Avant de commencer à parler du film en lui-même, j'aimerais dire que j'envie vos salles de cinéma, enfin du moins à certaines des personnes qui ont fait une critique du film sur ce site. Je parle bien sûr de ceux parlant d'enfants spectateurs qui avaient plus peur qu'autres choses, alors que moi j'ai dû me taper des dizaines de gosses riant étrangement fort toutes les cinq répliques. Alors je sais pas, peut-être que je fais pas la différence entre la peur et le rire, même si je vois pas où étaient les différents éléments censés faire peur aux plus jeunes que je vois cités dans certaines critiques.

Je dois avouer que je n'attendais pas grand-chose de L’Étrange Pouvoir de Norman (que je vais en fait appeler ParaNorman de son titre américain, parce que c'est plus court et plus joli). J'ai lâché quelques rires devant la bande-annonce, j'ai été intrigué par l'esthétique pâte à modeler, mais rien de plus, je n'avais pas d'attente particulière. Aucun moyen d'être déçu donc, j'ai même été agréablement surpris. Non pas que le film est totalement génial, car il ne l'est pas (de mon point de vue en tout cas), mais par le fait qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde et qu'il a tout plein de qualités. Mais évacuons d'abord les quelques défauts : la musique n'est pas inoubliable, elle va avec l'image, mais c'est tout tandis que l'esthétique pâte à modeler ne plaira sûrement pas à tout le monde, même si elle est très réussie. De plus, le film n'est pas vraiment marquant ni transcendant, ce n'est pas un chef-d'oeuvre dont vous vous rappellerez toute votre vie.

Comme l'indique le nom du film, le héros Norman possède un pouvoir peu commun : il peut dialoguer avec les morts. Et quand on parle de morts, ça peut être des zombies comme des fantômes, même si ces derniers n'apparaissent plus dans la seconde partie du film. Petit garçon assez étrange et éloigné de la normalité (même si, pour citer Dan Harmon, "there are no normal people, there are just different kinds of weird") de part son pouvoir et sa passion pour les films de zombie, le pauvre Norman est ainsi la risée de ses camarades d'école. C'est ainsi qu'il va se lier d'amitié avec Neil, un petit garçon roux et obèse, qui est l'autre risée de l'école. Mais voilà qu'un vieux fou clodo et puant - et, accessoirement, son oncle - lui annonce que la malédiction de la sorcière est bien réelle et que son don fait de lui la seule personne capable de sauver la ville d'une invasion de zombies.

Parodie des divers films d'horreur auxquels il multiplie les références (que je n'ai pas vu, n'étant pas du tout adepte du genre) et reprend les clichés, ParaNorman est un film plutôt drôle. Que ce soit les répliques ou les situations, l'humour n'est jamais lourd et se paie même le luxe d'être universel, faisant rire les adultes comme les enfants, les blasés de la vie comme les adeptes de l'humour pipi caca (j'en suis !). Les personnages sont eux-mêmes plutôt drôles bien que clichés, que ce soit du côté des humains avec notamment la soeur de Norman et Neil, des fantômes avec la grand-mère de Norman ou même des zombies. J'irai même jusqu'à dire que le film était trop drôle tant j'ai eu envie de tuer les gentils petits enfants qui se tapaient des fous rires toutes les cinq minutes, derrière moi. En tout cas, c'était d'un tout autre niveau que l'humour consternant de Normanfaitdesvidéos (oui, ne niez pas, on y a malheureusement tous pensé). Tout ça est saupoudré d'une esthétique magnifique comme rapidement évoquée plus haut, tout comme certaines scènes vraiment réussies visuellement (je pense à celle où Norman traverse la rue, parlant avec des fantômes tandis que le spectateur ne les voit apparaître que plus tard, sûrement ma préférée).

Mais ce n'est pas pour autant que le film est plat, vu qu'il fait passer plusieurs messages derrière tout cet humour, ces zombies et ces cerveaux dévorés. Il y a l'amitié bien sûr, Neil et Norman ayant des activités plutôt étranges ensemble (je sais pas vous, mais les cimetières c'est pas mon truc) mais restant soudés jusqu'à la fin du film. La communication et le dialogue ainsi que la non-violence sont bien sûr les thèmes clés du film. Que ce soit la brute de l'école qui a recours à la violence tandis que ses victimes se disent plus intelligents car pacifiques, Norman qui décide de dialoguer avec la sorcière ou les zombies au lieu de se battre contre eux comme le reste des habitants ou tout simplement la description de son don qui est bien de parler aux morts, le message est bien que l'on peut tout résoudre avec des mots. Mais le véritable message du film à mon goût, c'est le même que celui passé au travers du personnage d'Abed dans Community : le fait qu'une personne différente et jugée comme "non-normale" par la société (que ce soit Norman ou Neil, ça marche pour les deux) puisse être acceptée et aimée par sa famille, qu'elle puisse se faire des amis et même qu'elle puisse être admirée.

Bref, ParaNorman ou L’Étrange Pouvoir de Norman n'est certes pas un film indispensable à voir absolument ni un chef-d'oeuvre, mais il offre quelque chose de différent que les habituels Disney et Pixar (attention ce n'est pas une critique, j'adore les deux), quelque chose de magnifique, quelque chose d'extrêmement drôle et parodique, quelque chose avec un joli message, sûrement le plus beau des messages à mon goût. Si vous avez envie de passer une bonne heure et demie à rire débilement, n'hésitez pas.

Créée

le 26 août 2012

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Ripper-

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